Les fonds activistes s'attaquent aux fleurons de la finance italienne

Un spectre hante les sociétés italiennes : les fonds activistes anglo-saxons. Plusieurs firmes de la péninsule sont en butte à de vives critiques de ces investisseurs institutionnels domiciliés à Londres ou aux États-Unis. Dernière cible en date : le holding industriel Italmobiliare qui contrôle le géant du ciment Italcementi et sa filiale française, Ciments Français, numéro deux du secteur dans l'Hexagone. Le fonds britannique Hermes a récemment envoyé une lettre d'une " vingtaine de pages " au conseil d'administration d'Italmobiliare pour se plaindre, " entre autres " , de la " transparence insuffisante de la gestion " , de ses investissements diversifiés dans la finance (Mediobanca, UniCredit, UBI, Banca Leonardo) et l'édition (RCS Rizzoli) ainsi que de la complexité de la chaîne de contrôle entre ses filiales.Un courrier assorti d'un ultimatum intimant une réponse d'ici lundi prochain a été envoyé. Italmobiliare obtempère puisque son conseil d'administration réuni ce vendredi après-midi planchera sur les griefs d'Hermes, détenteur de 2,6 % du capital. Jusqu'ici l'Italie avait plutôt assisté en spectatrice aux agissements de ces fonds " agressifs ", comparés par un ministre allemand à des " nuées de sauterelles " s'abattant sur des firmes d'outre-Rhin quand les fonds TCI et Atticus chassèrent le patron de Deutsche Börse, Werner Seifert. Mais quand le petit hedge fund Algebris basé à Londres a pris la plume en octobre pour éreinter les dirigeants du troisième assureur européen, Generali, nombreux sont ceux qui se sont rappelés que le démantèlement de la banque néerlandaise ABN-Amro avait justement été initié par une lettre de TCI critiquant les choix stratégiques de ces banquiers hollandais.UNE ALLIANCE DE FAITAprès un vif débat initial sur la gouvernance et la rémunération des dirigeants de Generali, clos par une fin de non-recevoir de l'assureur, l'offensive des fonds a changé de cible : le fonds d'investissement américain Franklin Mutual Advisers LLC, propriétaire de seulement de 0,28 % du capital de Generali, a mis en cause début janvier la stratégie de développement de l'assureur. Une critique saluée publiquement par Algebris lundi dernier, accréditant la thèse d'une alliance de facto entre ces fonds " activistes ".En laissant filtrer dans la presse leurs missives critiques, ces fonds espèrent rallier à leur cause d'autres investisseurs insatisfaits, et réussir, dans le cas de Generali, à rassembler assez d'actionnaires pour convoquer leur assemblée générale extraordinaire ou inscrire à l'ordre du jour de la prochaine leurs griefs. Amber, l'ex-fonds de la Société Générale très actif en Italie où il a investi près de 800 millions d'euros notamment dans Mediobanca, Pirelli ou des régies municipales d'énergie, a, lui, choisi de constituer une association pour fédérer les actionnaires de la Banca Popolare di Milano (BPM), mécontents comme lui de la complexe gouvernance de cette banque alors que Crédit Mutuel négocie actuellement une fusion avec BPM.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.