Le plaidoyer d'UniCredit pour l'indépendance

N'étant pas intéressé à acquérir la banque française, l'administrateur délégué d'UniCredit, Alessandro Profumo, a toutefois souligné hier à Milan que, s'il était " aujourd'hui actionnaire de la Société Générale, je préférerais qu'elle reste indépendante car elle vaut aujourd'hui moins que sa vraie valeur ". Un conseil que l'homme fort d'UniCredit adresse ainsi à un de ses propres actionnaires, la fondation de la Caisse d'Épargne de Turin (CR Torino), également détentrice de 1,06 % du capital de la banque française.La fondation turinoise devrait décider, lors de son conseil d'administration du 27 février, de participer ou non à l'augmentation de capital de la banque française. L'indépendance préservée de la Générale garantie à UniCredit de garder son rang de deuxième capitalisation boursière du secteur bancaire de la zone euro, derrière le SCH espagnol. Si BNP Paribas, Crédit Agricole ou même le concurrent direct en Italie d'UniCredit, Intesa-Sanpaolo, s'emparait de la Société Générale, la taille de la nouvelle entité fusionnée dépasserait celle d'Alessandro Profumo. Surtout, une Société Générale demeurée autonome contre vents et marées pourrait paraître à nouveau dans quelques mois une proie " stratégique " pour UniCredit, au même titre qu'elle le fut au printemps dernier. Il pointe toutefois des différences entre les deux banques qui ne plaident pas en faveur d'un rapprochement. " Nous sommes deux banques bien gérées. Et Société Générale le reste, même après l'accident du trader. Seulement elles sont très dissemblables de par leur histoire et leur culture : UniCredit s'est constituée à travers plusieurs acquisitions successives, alors que Soc Gen a eu une croissance plus organique. Sans compter que nos modèles d'activités sont différents : nous sommes plus centralisés qu'eux ", explique Alessandro Profumo. Quand bien même la Société Générale serait rachetée, le patron d'UniCredit pense que " l'acquéreur conservera les activités de la Soc Gen en Europe de l'Est " et deviendra un concurrent de taille pour UniCredit, qui y est bien implanté. Ayant racheté la banque romaine Capitalia l'an dernier, Alessandro Profumo " ne veut pas ajouter de la complexité " à la situation actuelle d'UniCredit. Aussi exclut-il dans l'immédiat toute acquisition d'envergure qui rendrait encore plus " complexe " la gestion d'UniCredit.REORGANISATIONIl a par ailleurs justifié la présence de sa banque au capital de Mediobanca, principal actionnaire de l'assureur Generali, alors qu'il s'est désengagé ces derniers mois d'autres firmes liées à cette banque d'affaires milanaise (RCS Rizzoli, Generali). " Je pense qu'il y aura tôt ou tard une réorganisation [de Mediobanca et Generali, Ndlr], or mon principal concurrent [Intesa-Sanpaolo, Ndlr] s'agite toujours quand on parle de Generali : si je sortais du capital de Mediobanca, cela ferait plaisir à mes concurrents, et ce sont des considérations que je dois faire ", révèle Alessandro Profumo. En 2003, il était intervenu dans Mediobanca pour bloquer les visées de Vincent Bolloré sur cette banque milanaise, et donc Generali. " Le titre Generali s'orientera à la hausse et tirera l'action Mediobanca ", a précisé le patrond'UniCredit.
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