Des LBO de plus en plus hors des clous

De plus en plus de dette dans les montages, de plus en plus de souplesse dans les modalités de l'endettement, telle était la fabuleuse époque du LBO (reprise d'entreprise avec effet de levier) jusqu'en juin dernier. Depuis, l'environnement financier a été bouleversé et les conditions macroéconomiques se sont tendues laissant craindre un ralentissement de la croissance. Dans le monde du LBO, les premiers défauts sont apparus. Pour mesurer la capacité de résistance des entreprises sous LBO et leur capacité à honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs créanciers, tant au niveau de la croissance des revenus que du remboursement de la dette, Standard and Poor's s'est penché sur 36 opérations réalisées en Europe sur les trois dernières années.Publiée aujourd'hui, cette étude montre que 53 % des entreprises de l'échantillon n'atteignent pas leurs objectifs de croissance des revenus (Ebitda, earning before inte rest taxes debt and amortization) tels qu'ils ont été définis au moment du montage. S'agissant du remboursement de la dette, la moitié d'entre elles est en conformité avec le calendrier.ASSOUPLISSEMENT DES MODALITES DE CONTROLEMais, souligne l'agence de notation, ces chiffres cachent une grande disparité. Celle-ci est d'ailleurs beaucoup plus forte s'agissant de la dette. Or, c'est précisément ce qui est le plus dangereux, insiste Standard and Poor's. D'une part, l'effet de levier dans les montages n'a cessé de s'accroître ces dernières années : le multiple de dette par rapport à l'Ebitda est passé de 5,2 en 2005 à 6,6 l'été dernier. D'autre part, cet accroissement de l'endettement s'est doublé d'un assouplissement des modalités de contrôle de l'évolution de cette dette : les créanciers ont progressivement lâché du lest sur les covenants (ratio d'alerte dont le franchissement entraîne le remboursement de la dette par anticipation). Ainsi, en 2004, la marge de manoeuvre sur le ratio dette/Ebitda était de 23,3 % ; l'an dernier, elle était de 26,5 %. La conséquence peut être très grave si une entreprise rencontre des difficultés parce que les signaux d'alarme se déclenchent une fois que les problèmes sont largement avérés. Ce qui signifie, indique S&P, que " la valeur de l'entreprise peut être entamée avant que les créanciers ne soient en mesure d'intervenir et d'exercer ensuite leur influence ".Reste que tous les secteurs ne semblent pas logés à la même enseigne. Le secteur de la distribution est largement le moins respectueux : 20 % n'ont pas atteint leur objectif de revenus. Au regard des objectifs de remboursement de la dette, c'est le secteur de l'équipement industriel qui les tient le moins (13 % ne les ont pas atteints).
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