Dominique Ferrero assoit son pouvoir chez Natixis

Il est des retournements de situation étonnants. Sur un siège éjectable depuis l'automne dernier, le directeur général de Natixis, Dominique Ferrero, voit aujourd'hui ses positions renforcées à la tête de la banque de financement et d'investissement détenue à parité par les Banques Populaires et les Caisses d'Épargne .Le remaniement du directoire de Natixis que d'aucuns pronostiquaient autour du 6 mars, date initialement prévue pour la publication des résultats annuels, a en effet été un peu précipité. S'appuyant sur des résultats prévisionnels de mauvaise facture (voir encadré), le conseil de surveillance est passé à l'acte. Sa décision et les choix entérinés dans la foulée semblent donner à Dominique Ferrero les moyens de prendre véritablement les rênes de l'établissement financier mal en point. Comme nous l'écrivions dans notre édition du 23 novembre, les départs d'Antony Orsatelli et de François Ladam, les deux anciens patrons respectifs d'Ixis et de Natexis, les banques de financement des Banques Populaires et des Caisses d'Épargne, qui ont fusionné pour former Natixis, ont été confirmés. Si François Ladam a fait valoir ses droits à la retraite, Antony Orsatelli endosse ainsi la déconfiture financière de CIFG, la filiale américaine de rehaussement de crédit de Natixis. Pour les remplacer, Jean-Pascal Beaufret, inspecteur des finances et ancien directeur financier d'Alcatel, " aura en charge la supervision de l'ensemble des directions fonctionnelles et du métier de gestion d'actif ", précise Natixis dans un communiqué. Et Jean-Marc Moriani (ancien du Crédit Lyonnais), en conservant la responsabilité du métier de banque d'investissement et de financement, apportera son expertise opérationnelle au directoire." INVENTER UN NOUVEAU MODELE ECONOMIQUE "À l'équilibre précaire qui consistait à avoir au directoire de Natixis deux représentants des Banques Populaires (Philippe Dupont, François Ladam) et un représentant des Caisses d'Épargne (Antony Orsatelli) se substitue un déséquilibre où l'Écureuil n'est plus du tout représenté. Les tensions entre actionnaires ne sont donc pas réglées. Mais les deux nouveaux venus sont deux proches de Dominique Ferrero, sans connexion avec les Banques Populaires et les Caisses d'Épargne.Toute la question est maintenant de savoir si cette nouvelle équipe soudée parviendra à redresser Natixis. " Depuis août 2007, les métiers d'origination et de distribution de produits structurés sont sinistrés. Ils constituaient à 30 % à 40 % du produit net bancaire de Natixis. La banque doit donc s'inventer un nouveau modèle économique. Un changement de gouvernance est nécessaire, mais il ne suffira pas à répondre à cet enjeu ", souligne un analyste.Un résultat amputé de 50 %, voire 70 %L'addition est lourde. Natixis a publié un résultat net courant provisoire d'" environ " 1 milliard d'euros, en baisse de plus de 50 % par rapport à 2006. Du prévisionnel qui ne tient pas compte de l'impact exceptionnel de 369 millions lié à la restructuration du rehausseur de crédit CIFG. Sans quoi le résultera chuterait a priori de 70 % à 630 millions. Natixis a enregistré au total 1,25 milliard de dépréciations d'actifs. 817 millions l'ont été au titre de l'exposition aux subprimes et 380 millions pour couvrir son exposition aux rehausseurs de crédit américain.
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