La crise soulève la question de la mobilisation des fonds publics

La nationalisation de la banque Northern Rock en a étonné plus d'un. Le Royaume-Uni, où le libéralisme fait figure de vertu première, n'a guère pour habitude de faire entrer dans le giron de la sphère publique une entreprise malade. C'est dire si le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté redoutait qu'un repreneur ne puisse honorer le remboursement des 55 milliards de livres d'emprunts, dont 25 milliards accordés par la Banque d'Angleterre. Pour éviter d'être confronté à une nouvelle crise de confiance, la voie de la nationalisation a donc été privilégiée." EFFORT POLITIQUE CONCERTE NECESSAIRE "Le sauvetage étatique de Northern Rock augure-t-il d'autres scénarios du même genre là où les banques souffrent bien davantage de la crise du subprime et de ses conséquences sur des pans entiers du marché des capitaux ? Certains spécialistes et non des moindres estiment que des injections de fonds publics seront inévitables, surtout aux États-Unis. Le 24 janvier dernier, le Prix Nobel d'économie Myron Scholes soulignait dans La Tribune : " Un effort politique concerté est devenu nécessaire. Outre les fonds souverains étrangers, c'est au gouvernement des États-Unis lui-même de recapitaliser les institutions financières. Les banques, intermédiaires et compagnies d'assurance ont déjà enregistré des pertes terribles. Elles ont besoin de fonds propres supplémentaires pour reprendre le cours normal de leurs affaires et continuer à financer l'économie. " Un avis partagé par nombre de professionnels de la finance. Ils estiment que, si les dépréciations massives d'actifs se poursuivent, le gouvernement américain sera contraint de conforter les fonds propres des établissements financiers chancelantsPour qui ne connaît pas l'histoire de la finance américaine, évoquer une intervention publique peut sembler iconoclaste. Mais s'il y a péril en la demeure, les autorités américaines n'hésiteront pas à intervenir. Elles l'ont déjà fait à la fin des années quatre-vingt pour enrayer les faillites en chaîne des savings and loans, les caisses d'épargne américaines, devenues insolvables. La hausse des taux d'intérêt, les transferts d'épargne vers des placements plus rémunérateurs dans d'autres établissements, les défauts de paiement des particuliers ont envoyé au tapis le secteur des caisses d'épargne. Pour redresser la situation, le Congrès a voté une loi qui a fait peser une part du sauvetage sur les contribuables. Les déposants sont remboursés tandis que plus de 1.000 savings and loans sont vendues ou fermées. Le coût total de cette opération d'envergure a atteint 150 milliards de dollars, dont 115 milliards ont été supportés par le Trésor américain.COLMATER LES BRECHESIl est encore trop tôt pour savoir si le cru 2008 de la crise des subprimes sera aussi ravageur que l'année dernière pour les bilans des banques. Mais si la situation empire, il est certain que les fonds souverains et autres investisseurs fortunés ne suffiront pas à colmater les brèches.
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