Affaire Kerviel : la Société Générale détaille les failles de son système

Les dirigeants de la Société Générale pourront faire valoir un nouvel argument de leur bonne foi aujourd'hui à l'occasion de la présentation détaillée des résultats 2007. Présenté hier au conseil d'administration, le rapport d'étape de la mission de l'inspection générale de la banque sur les conditions de la fraude incriminée à l'ex-trader Jérôme Kerviel valide le diagnostic initial dressé fin janvier par la direction. Il s'agit cependant de conclusions particulièrement prudentes, toutes les enquêtes en cours, notamment sur le plan judiciaire, n'ayant pas encore été menées à leur terme.L'ancien employé de la division dérivés actions est bien " sorti du cadre de son activité normale d'arbitrage et a constitué des positions directionnelles réelles sur des marchés réglementés, en les masquant par des opérations fictives de sens contraire ", peut-on lire dans le rapport. En outre, il apparaît que le jeune trader n'aurait pas détourné d'argent pour son propre compte ni bénéficié de complicité interne ou externe à la banque. Son activité " illicite " lui aurait cependant permis de négocier sa rémunération variable sur une base élevée, avancent les inspecteurs de la Société Générale.RENFORCER LA SECURITEOutre le modus operandi de l'ex-trader, l'enquête interne pointe du doigt les défaillances du contrôle des risques de la Société Générale. Certes, " l'inspection générale considère que les contrôles prévus par les fonctions de support et de contrôle ont dans l'ensemble été effectués et menés conformément aux procédures, mais n'ont pas permis d'identifier la fraude avant le 18 janvier 2008 ", mais l'on peut lire plus loin : " Dès la découverte de la fraude, des faiblesses ont été identifiées dans le dispositif de supervision et de contrôle. " Plus précisément, le rapport de l'inspection souligne qu' " il n'existe pas de contrôle sur les transactions annulées ou modifiées, ni sur les transactions à départ différé, ni sur les transactions avec des contreparties techniques, ni sur les nominaux élevés en position... " Bref sur aucune des techniques qu'aurait utilisées Jérôme Kerviel pour dissimuler ses opérations. L'enquête interne incrimine également les opérateurs des fonctions support (back-office), lesquels " n'ont pas le réflexe d'informer leur hiérarchie ou celle du front office de l'apparition d'anomalies même de montants élevés si cela ne figure pas précisément dans les procédures concernées ".Ce rapport d'étape a au moins le mérite de conforter la direction de la Société Générale dans ses décisions récentes en matière de renforcement de ses procédures de contrôle. Le groupe travaille actuellement à plusieurs chantiers : le renforcement de la sécurité informatique, l'amélioration des procédures d'alerte et une meilleure prévention des risques opérationnels.Pour l'heure, l'équipe de l'inspection générale s'interdit d'émettre la moindre conclusion quant à la responsabilité de la hiérarchie directe de Jérôme Kerviel " compte tenu de l'enquête judiciaire en cours qui ne lui a pas permis de rencontrer l'ensemble des protagonistes ". Il lui reste à poursuivre son travail d'audit en même temps que se déroulent les autres enquêtes en cours, notamment celle de la Commission bancaire.Ajustement en bourseLe titre a terminé la séance en forte baisse (- 6,01 %) hier, à 71,15 euros. Soit juste au-dessus de la valeur théorique de l'action définie par les modalités de l'augmentation de capital (4 fois le prix du bon à 5,86 euros + 47,50 euros) à 70,94 euros. À l'origine de cette glissade, la crainte d'investisseurs de découvrir d'autres mauvaises nouvelles dans les résultats 2007 publiés ce matin. Avec, en prime, le détachement aujourd'hui des bons qui augmente la volatilité sur le titre.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.