Nouveaux horizons pour les mutuelles

L'étude d'opinion réalisée par le Crédoc pour le compte du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP) réserve une surprise de taille. Parmi les salariés interrogés, 67 % trouvent intéressante l'idée de " confier totalement aux complémentaires santé la prise en charge des soins très peu remboursés par la Sécurité sociale ". Les jeunes de 26 à 29 ans sont même favorables à cette idée pour 84 % d'entre eux. L'approbation des cadres, à 61 %, est à peine plus nuancée. Du côté des employeurs du secteur privé, interrogés par le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), 81 % estiment que la prise en charge intégrale du remboursement de certains soins par les complémentaires santé est tout à fait ou plutôt intéressante.Des réponses à contre-courant des déclarations faites par le président de la Mutualité française, Jean-Pierre Davant, à La Tribune, la semaine dernière. Il estimait que " ce ne serait pas une bonne chose de supprimer totalement les remboursements de l'assurance-maladie obligatoire ". Ce point de vue est tout de même partagé par moins d'un tiers des personnes interrogées dans le sondage, qui sont défavorables au transfert total vers les complémentaires car " ça coûterait plus cher ", que le système serait moins solidaire et plus contraignant.FAUSSES SOLUTIONSEn effet, " si on transférait les remboursements en optique et dentaire de la Sécurité sociale vers les complémentaires, soit 2,2 milliards d'euros par an, cela entraînerait une hausse de 10 % des primes d'assurance ", indique Denis Morin, directeur du CTIP. De plus, les soins dentaires et optiques, déjà peu remboursés par la Sécu, ne sont pas les sujets majeurs de l'assurance-maladie obligatoire, contrairement aux coûts des affections longue durée et de l'hôpital public. Ce qui fait dire à Jean-Louis Faure, délégué général du CTIP, que " les assurances complémentaires ne sont pas la solution aux problèmes de la Sécurité sociale ".Les nouvelles franchises (sur les médicaments, transports, etc.), l'une des mesures phare de la réforme de l'assurance-maladie, ne sont pas perçues non plus comme la solution. Elles sont jugées inefficaces pour freiner la consommation de soins par les deux tiers des salariés et des employeurs interrogés par le Crédoc. Ils sont également 66 % à souhaiter que ces franchises soient remboursables par les contrats d'assurance santé complémentaires. L'approbation est écrasante chez les jeunes (79 % des 26-29 ans) et chez les ouvriers (74 %). Même chez les cadres et chez les chefs d'entreprise, que l'on aurait pu croire plus sensibles aux conséquences pour le montant des cotisations, une majorité - certes d'à peine plus de 50 % - est favorable au remboursement des franchises par les complémentaires.10 euros par mois pour la dépendanceFavorables à la création d'une nouvelle branche de la protection sociale pour couvrir la dépendance, 69 % des salariés interrogés par le Crédoc se disent prêts à souscrire une garantie spécifique moyennant 10 euros par mois. Un rêve ? Non, une réalité : depuis plus d'un an, l'Ocirp, qui réunit 39 institutions de prévoyance, commercialise auprès des entreprises une assurance collective contre la dépendance lourde à ce prix. Déjà 100.000 personnes sont couvertes par cette garantie qui présente l'originalité d'être en points (comme la retraite) et de garantir 500 euros de rente par mois. Comme près d'un employeur sur deux se déclare d'accord pour intégrer une garantie dépendance dans son entreprise, ce type de contrat devrait prospérer.
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