Nouvelle salve de Nicolas Sarkozy contre Daniel Bouton

Par latribune.fr  |   |  665  mots
La marche triomphale de Daniel Bouton, PDG de la Société Générale, sur l'air de " j'y suis, j'y reste " aura été de courte durée. Il a, dans un entretien accordé aux Échos le 25 février, indiqué que sa démission n'était plus du tout à l'ordre du jour après les pertes de 4,8 milliards d'euros imputables au trader Jérôme Kerviel en 2007. Et c'est avec une fermeté certaine qu'il a rappelé qu'il demeurait le capitaine du navire.C'était sans compter Nicolas Sarkozy qui, avec le doigté et le sens de la nuance qu'on lui connaît, a relancé le débat sur la responsabilité des chefs d'entreprise en cas de défaillance importante au sein de leur société, lors d'un débat organisé avec les lecteurs du Parisien. " Quand le président d'une entreprise connaît un sinistre de cette ampleur et qu'il n'en tire pas les conclusions, ce n'est pas normal. Que quelqu'un gagne 7 millions d'euros par an ne me choque pas. À une condition : c'est qu'il en assure la responsabilité. C'est tout le problème de Daniel Bouton. " Tout en soulignant qu'il n'avait rien contre Daniel Bouton, Nicolas Sarkozy d'ajouter : " Quand il y a un problème, dire c'est pas moi. Ça non, je ne l'accepte pas. " Il ne faut pas être grand clerc pour voir dans ces propos un appel en bonne et due forme à la démission.Il est vrai que depuis le 18 janvier, date de la découverte des pertes abyssales de Jérôme Kerviel sur les marchés à terme sur actions, Daniel Bouton a présenté deux fois sa démission au conseil d'administration, qui l'a refusée à l'unanimité. Il n'en demeure pas moins que cette affaire donne un sérieux coup de projecteur sur les responsabilités de toute la chaîne hiérarchique dans cette affaire. Si les contrôles de la banque ont été défaillants au point de permettre à Jérôme Kerviel d'investir à l'insu de tous pendant plus de deux ans, ne s'agit-il pas d'un dysfonctionnement très grave au sein de la banque ? Et, dans ces conditions, le top management peut-il s'exonérer de sa part de responsabilité ? Ces questions demeurent sansréponse.Quant aux administrateurs de la Société Générale, ils ne semblent guère s'émouvoir de la situation. Certes, lors des dix années passées à la tête de la banque, Daniel Bouton a transformé l'établissement, passé d'une banque hexagonale à un groupe financier de réputation mondiale et dont la valeur boursière a été multipliée par six jusqu'au plus haut de mai 2007.ASSEMBLEE GENERALE DES ACTIONNAIRES LE 27 MAIUne performance qui fait dire à Hervé Juvin, associé du cabinet de conseil Eurogroup : " Nous ne sommes pas ici devant un cas de mauvaise gestion d'une société puisque, jusqu'ici, les différents rapports et enquêtes ont montré qu'il s'agissait d'actes émanant d'un seul individu. " Pour cet expert, les structures de gouvernance de la Société Générale ont fonctionné. " Le conseil d'administration a été tenu au courant, s'est réuni, a voté le maintien de la direction actuelle. De leur côté, les dirigeants ont très vite débouclé l'opération et démarré la recapitalisation de la banque. Si l'on s'en tient à cette première lecture, la gouvernance de la banque a parfaitement fonctionné, et l'intrusion politique n'est pas légitime. " Mais il ajoute : " En deuxième analyse, il apparaît davantage justifié que les milieux politiques s'étonnent des modèles de rémunération en vigueur dans la banque de financement et d'investissement où une poignée d'opérateurs capte une partie significative des bénéfices quand l'activité tourne à plein, faisant supporter aux clients et aux actionnaires les conséquences en cas de pertes. " La questionne manquera sans doute pasd'être soulevée lors de l'assemblée générale des actionnaires de la Société Générale qui se tiendra le 27 mai.