La scission des rehausseurs fait débat

En confirmant les notes AAA aux rehausseurs de crédit MBIA, Ambac et CIFG, Standard and Poor's a donné un bol d'air aux marchés financiers. Dans le même temps, l'annonce par MBIA d'un plan de sauvetage a été diversement appréciée. Outre la suppression du versement de son dividende trimestriel, le sujet le plus fort concerne le projet de scission de ses activités dans les cinq ans à venir. Selon son président Jay Brown, le but est de restructurer l'entreprise " en deux compagnies distinctes, selon un calendrier et une méthode qui permettent de prendre soigneusement en compte les besoins de toutes les parties prenantes ". Car la mise en oeuvre du projet de scission suggéré il y a quelques semaines par le gouverneur de New York, Elliot Spitzer, risque de faire des étincelles.En effet, les deux types de clients des rehausseurs - les municipalités d'un côté, les banques de l'autre - se trouvent dans des situations très différentes, et ces dernières, qui ont fait assurer pour 100 milliards de dollars de titres adossés à des actifs titrisés (CDO d'ABS) auprès des rehausseurs, voudraient bien ne pas être les dindons de la farce. Car, dans une répartition des fonds propres des rehausseurs entre une activité viable et non risquée (les obligations municipales) et une activité en perte et en phase de gestion extinctive (les CDO d'ABS), les banquiers ont tout à perdre.Dans une étude baptisée la Carotte et le bâton, un analyste de Bank of America identifie " les vrais gagnants et les vrais perdants " d'un scénario de scission. Selon l'analyste, les premiers sont les municipalités, tandis que les perdants sont les titulaires de police d'assurance de produits dérivés, les contreparties bancaires. Pourquoi ? Parce que la répartition des fonds propres sera favorable à la structure assurant les " minis " qui sera notée AAA, tandis que la société chargée de porter les actifs dépréciés (les produits dérivés) sera classée en investissement spéculatif. Ce qui aura des répercussions sur le bilan des banques puisqu'elles devront passer de nouvelles dépréciations d'actifs. Selon l'analyste de Bank of America, cette menace brandie par Eliott Spitzer est l'argument pour inciter les banques à recapitaliser les rehausseurs.UN DEBAT SUR LES RESPONSABILITESC'est précisément ce qui commence à agacer un certain nombre de ces assurés. Ils rappellent qu'il n'est pas légal de faire valoir les droits de certains assurés avant ceux des autres et qu'à ce titre la répartition des fonds propres entre les deux catégories d'acteurs semble impossible à mettre en oeuvre. D'ores et déjà, certains banquiers, notamment européens, réfléchissent à des actions judiciaires dans l'hypothèse de la scission des " monolines ". Comme l'explique l'un d'entre eux, " nous sommes dans la situation d'un assuré dont la maison brûle et auquel sa compagnie d'assurance déclare que non seulement elle ne le dédommagera pas, mais qu'en outre elle attend de lui qu'il la recapitalise pour lui éviter des difficultés financières devant un trop plein de sinistres ". Plus généralement, c'est un débat sur les responsabilités qui se fait jour aux États-Unis, devant la Chambre des représentants : qui a permis une contagion du marché des " muni bonds " réputé sans risque par le marché risqué des produits dérivés ?
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