L'euro ne dissuadera pas la BCE

Un taux d'inflation deux fois supérieur à la ligne rouge de 2 % qu'elle lui assigne et qui atteint un plafond historique, mais des taux d'intérêt réels, défalqués de cette même inflation, tombés à zéro et donc dangereusement inflationnistes. C'est une situation parfaitement intolérable pour la très rigoureuse Banque centrale européenne (BCE), qui estime que la stabilité des prix est un préalable à une croissance saine à long terme et par contrecoup qu'une inflation débridée constitue un frein à l'activité. Certes, les responsables politiques ne voient pas la situation à travers le même prisme, regardant souvent par le petit bout de la lorgnette et se prêtant volontiers au jeu un peu démagogique du " Trichet bashing ".TAUX DIRECTEUR PORTE A 4,25 %Si l'on en croit Holger Schmieding, le stratège taux pour l'Europe de Bank of America, la messe serait déjà dite : la BCE relèvera son taux directeur jeudi à l'issue de son conseil des gouverneurs, le portant le4 % à 4,25 %. Même si son président, Jean-Claude Trichet, s'était contenté de dire début juin qu'une hausse des taux était possible en juillet, elle est devenue certaine depuis l'annonce lundi de l'estimation de l'inflation dans la zone euro en juin - 4 % - par Eurostat. Le président ne peut plus se déjuger, car c'est la crédibilité de l'institution qui est en jeu. Crédibilité qui avait été quelque peu mise à mal en septembre, lorsque la BCE avait renoncé à un tour de vis programmé, crise des subprimes oblige.Aux critiques qui pointeront le cours élevé de l'euro, qu'une hausse de sa rémunération risque de renchérir, Trichet pourra répliquer qu'une monnaie forte est un formidable bouclier contre l'inflation importée. Bien qu'il ne s'exprime que rarement sur le taux de change de l'euro, il pourra également souligner l'engagement des États-Unis par le truchement du secrétaire au Trésor, qui définit la politique de change américaine mais aussi celle du président de la Fed, Ben Bernanke, à interrompre la dérive de leur billet vert. Hier, en visite en Allemagne, Henry Paulson a récité à nouveau son credo du dollar fort dans l'intérêt des États-Unis. Lequel dollar est resté coincé hier dans l'étroite fourchette au sein de laquelle il évolue depuis son record de faiblesse du 22 avril dernier juste au-dessus de 1,60 pour un euro. La bonne surprise de la remontée de l'indice des directeurs d'achats américains du secteur manufacturier au-dessus de la ligne de flottaison de 50 lui a même permis de remonter au-dessus de 1,5750.
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