La flambée du prix du baril bouleverse le commerce mondial

Contrer certains effets de la mondialisation comme les délocalisations ou l'essor des transports émetteurs de gaz à effet de serre ? Bien des États s'y essaient sans y parvenir. Mais la flambée du prix du pétrole, elle, semble être en mesure de relever le défi. Telle est la conclusion d'une étude de la banque Morgan Stanley baptisée " Cherté des transports, vers un monde désaplati " , une allusion au livre de Thomas Friedman (Le monde est plat). Contrairement à cet ouvrage, consacré au raccourcissement des distances lié à l'amélioration des technologies de communication et à la prospérité qu'il a engendrée en Chine ou en Inde, Morgan Stanley prédit un coup d'arrêt à la mondialisation et " le retour d'une terre ronde ". La cause ? Entre 2001 et aujourd'hui, le prix du baril d'or noir est passé d'une vingtaine de dollars à plus de 140 dollars. Ce changement d'échelle " compromet " le modèle de croissance économique asiatique fondé quasi exclusivement sur les exportations, estime l'étude. Avec lui, c'est tout l'équilibre commercial mondial qui s'est instauré ces dernières années - entre une Asie émergente, Chine en tête, exportatrice de biens bon marché et des pays riches avides de ces biens et de plus en plus désindustrialisés - qui s'en trouve bouleversé.Les signes précurseurs sont indiscutables. La teneur en produits semi-finis importés des produits exportés par la Chine est passée de 57 % fin 2001 à 44 % actuellement. " La corrélation entre cette baisse et la courbe inversée du prix du pétrole est assez forte ", souligne l'étude. Autre observation, la part du coût de transport et de distribution d'un conteneur, liée aux carburants, est passée de 20 % en 2001 à près de 70 %.UN " CHOC NEGATIF" POUR L'ASIEÀ court terme, la hausse du coût du transport ne peut qu'entraîner " un choc négatif pour l'Asie et la valorisation de ses actifs " (actions, devises...), estiment les auteurs de l'étude. Mais à long terme, elle peut l'aider à " accélérer sa mutation " vers un modèle plus équilibré dans lequel la consommation intérieure aura plus de place. " L'envolée du coût du transport érode les avantages comparatifs tels que la faiblesse des coûts de main-d'oeuvre et encourage le commerce régional " et non plus mondial, explique Morgan Stanley. La hausse du prix de l'or noir étant loin de se tarir, les avocats d'une mise au pas de la mondialisation ont des raisons de se réjouir.
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