Moody's craint une baisse de la qualité du crédit

L'amélioration de la solidité financière des entreprises européennes touche à sa fin. Déjà moins franche en 2005 qu'en 2004, elle pourrait désormais laisser la place à une légère détérioration de la qualité de crédit, estime Moody's dans une étude publiée hier. Au 31 décembre dernier, 17,4 % des notes attribuées par l'agence étaient en effet assorties d'une perspective négative, pour seulement 11 % de perspectives positives. Le retournement de tendance du dernier trimestre 2005, où les abaissements de note avaient été plus nombreux que les relèvements, devrait donc se confirmer.La reprise des opérations de fusions-acquisitions inquiète particulièrement Moody's. En 2005, l'acquisition d'Allied Domecq par Pernod-Ricard, celle de Bavaria par le brasseur britannique SABMiller ou l'annonce des offres de Telefonica (O2) et de Gas Natural (Endesa) ont entraîné plusieurs dégradations de notes. Pire, les acquisitions menées par des fonds de capital-risque à grand renfort de dette (LBO) font souvent directement tomber les entreprises concernées dans la catégorie dite "spéculative". L'offre sur TDC (plus de 10 milliards d'euros) a en outre montré que la taille de la cible n'est plus un obstacle pour les fonds. Si le secteur des télécommunications et les groupes de services aux collectivités paraissent particulièrement vulnérables à ce type d'opérations, d'autres émetteurs, à l'instar des constructeurs et des équipementiers automobiles, pourraient de leur côté souffrir de l'envolée des matières premières et d'une demande atone. Cette morosité du consommateur européen devrait par ailleurs continuer à peser sur le secteur des biens de consommation, où 37 % des notes sont déjà assorties d'une perspective négative. Dette spéculative. Enfin, si Moody's se dit confiant sur l'amélioration de l'environnement économique, l'agence craint que la remontée des taux d'intérêt n'alourdisse les frais financiers des entreprises et n'aggrave la situation des plus endettées d'entre elles. Après un léger tassement l'année dernière (45,9 milliards d'euros), le marché de la dette spéculative devrait continuer à se développer. Selon l'agence de notation, les nouvelles émissions devraient être particulièrement nombreuses au premier trimestre.Sophie Rolland
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