On ne sait pas si François Guizot a exactement prononcé : "Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne", ou simplement : "Enrichissez-vous." On lui prête ces mots, qui sont depuis passés à la postérité, à l'époque où il fallait élargir la base électorale, donc abaisser le cens. Guizot aurait proposé de maintenir le cens et d'accueillir naturellement les personnes qui, par leur travail et leur épargne, auraient accédé au statut de nouveaux électeurs et de nouveaux contribuables.Tout le monde ne peut être que d'accord avec la formule de Guizot, à condition de la respecter mot à mot. L'ex-patron de Vinci Antoine Zacharias s'en est bien inspiré mais il en a changé les termes en "enrichissez-moi". Maudite transformation sémantique qui le transforme en cigale gloutonne alors que Guizot louait les efforts de la fourmi laborieuse. D'où ce tir de barrage contre lui déclenché par une union sacrée d'artilleurs : libéraux, socialistes, démocrates-chrétiens, parrains du capitalisme, héritiers, personnes très riches et personnes un peu moins riches. Et personne ne s'est levé pour prendre la défense du maladroit Zacharias.C'est de bonne guerre mais on peut se demander s'il aurait fait tant de vagues avec une structure de rémunération différente. Imaginons, il y a une dizaine d'années, un système "à l'américaine" comme il en a été pratiqué chez Disney et dans d'autres sociétés. En fonction de la réalisation d'objectifs économiques (croissance du chiffre d'affaires, croissance de l'Ebitda), Vinci distribue divers types de valeurs mobilières (stock-options, actions, actions à dividende prioritaire, etc.) à son directeur général. Si certains seuils sont dépassés pendant trois ans, la distribution est plus importante, voire beaucoup plus. Une telle structure aurait peut-être permis à Zacharias d'empocher encore plus d'argent, sans léser les actionnaires de Vinci, ni chercher à grappiller des commissions discutables. Il peut se consoler en sachant qu'à moyen terme les objectifs de cours donnés par la place sont compris entre 85 et 96 euros.

latribune.fr

26 Sept 2008, 6:02

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