STMicro contraint de serrer de nouveau ses coûts de production

Alors qu'il s'apprête à passer le témoin après dix-huit années à la tête de STMicroelectronics (ST), Pasquale Pistorio reconnaît que le fabricant de semi-conducteurs évolue sur une "route de plus en plus raide". Certes, le groupe franco-italien a terminé l'année 2004 sur des ventes record de 8,76 milliards de dollars (+ 21 %) et sur un bénéfice net plus que doublé à 253 millions. Mais 2005 ne sera pas du même acabit. Pour les trois premiers mois, STMicro prévoit une érosion de 4 % à 12 % de ses recettes par rapport au dernier trimestre 2004, alors que, selon un analyste parisien, la baisse traditionnellement constatée à cette période de l'année est plutôt comprise entre 5 % et 10 %. Un écart qui démontre selon lui le "manque de visibilité sur la demande et la baisse des prix", notamment dans les mémoires flashs. Autre déception, la prévision de marge brute. STMicro attend entre 33 % et 35 %, 1 à 3 points de moins que ce qu'espéraient les analystes. Le groupe se débat toujours avec la dévalorisation du dollar par rapport à l'euro, 60 % à 65 % de ses coûts de production étant libellés en euros.Des propres handicaps. Mais cet effet monétaire n'explique pas tout. ST souffre de ses propres handicaps. La première tâche de Carlo Bozzoti, le successeur de Pasquale Pistorio, sera d'ailleurs de mener au cours des dix-huit mois à venir un nouveau plan de restructuration, après celui de 2003. Les effets sur la marge seront dévoilés en avril prochain. Alain Dutheil, vice-président et directeur des opé- rations de ST, a indiqué à La Tribune que l'objectif reste d'atteindre 40 % de marge brute. En 2005 ? "Cela dépendra de l'évolution du marché", précise-t-il. Le plan comprend trois axes majeurs. Priorité sera ainsi donnée aux produits à plus forte marge. Première victime, les composants pour modems. Ce qui se traduira par une dépréciation de 60 millions de dollars au premier trimestre. Ensuite, le groupe va chasser les coûts (achats, frais fixes, etc.).Enfin, ST penchera un peu plus vers l'Orient. Cette année, pour la première fois dans l'histoire du groupe, plus de la moitié de ses produits seront fabriqués en Asie, contre un peu plus du tiers pour l'Europe. "Il ne s'agit pas de réduire le nombre d'usines en Europe mais d'aug- menter la valeur des produits qui y sont fabriqués", a déclaré fermement Pasquale Pistorio. L'an dernier, ST a fermé une usine à Rennes.Après avoir cédé 2,28 % en séance, l'action a fini inchangée, aidée par les bons résultats de Nokia (lire ci-dessus), le principal client de ST. Mais, à 12,67 euros, le titre se rapproche de ses plus bas niveaux de 2002. Même si ST dispose de pilule anti-OPA, sa faiblesse pourrait raviver la spéculation sur un rapprochement.Consolidation souhaitée. "La consolidation finira bien par être lancée dans un secteur qui compte encore plus de 300 producteurs, admet Alain Dutheil. Nous voulons être un acteur de ce mouvement. Mais il faut trouver le candidat qui offre le plus de complémentarité. Dans cette logique, les groupes japonais ou américains sont mieux placés qu'un européen." Ce qui réduit les chances d'une fusion avec la division semi-conducteurs de Philips, hypothèse qui circule fréquemment dans les salles de marché.Olivier Pinaud
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