La relance d'une bataille pour le contrôle de Havas propulse l'action au plus haut

La prise de position de Claude Bébéar, le président du conseil de surveillance d'Axa, en faveur de la représentation de Vincent Bolloré au conseil d'administration de Havas, dont l'homme d'affaires breton détient 20,4 % du capital, a propulsé l'action du groupe publicitaire au-delà des 5 euros vendredi, son plus haut niveau depuis décembre 2002. Depuis l'entrée de Vincent Bolloré au capital en juillet dernier, autour de 4 euros, il s'est apprécié de 25 %.Rejet de résolutions. Dans un bref entretien publié vendredi dans le Figaro, celui qui s'est forgé l'image de "parrain du capitalisme français" en s'illustrant dans la révolution de palais ayant conduit à l'éviction de Jean-Marie Messier à la tête de Vivendi Universal en juillet 2002, considère comme "complètement légitime" qu'un actionnaire détenant 20 % du capital d'une société soit représenté à son conseil. "Le contraire serait anormal. Sauf s'il y avait une raison fondamentale comme être, par exemple, un concurrent", fait valoir Claude Bébéar, connu pour être un proche de Vincent Bolloré. Le conseil de Havas a recommandé à l'unanimité le rejet des quatre résolutions déposées par Vincent Bolloré, proposant sa nomination au conseil, et celle de trois de ses lieutenants lors de l'assemblée générale convoquée le 9 juin. Silencieux vendredi, le groupe pourrait s'exprimer cette semaine.La demande de quatre postes, au nom d'une règle de proportionnalité qui n'existe pas dans les textes, "ne paraît pas illégitime" aux yeux de l'ancien patron du groupe d'assurances : "Quatre administrateurs sur dix-huit, cela ne ressemble pas à une prise de contrôle !" Cette notion de proportionnalité fait débat chez les spécialistes de la gouvernance."Le groupe Axa ne détient pas de participation stratégique dans Havas, relève un analyste parisien. Tout comme dans le cas de VU, Claude Bébéar n'est pas non plus administrateur du groupe sur lequel il prend position. Son levier dans cette affaire réside donc dans son autorité personnelle pour convaincre les investisseurs qui voteront le 9 juin en assemblée."Le mystère reste entier sur les intentions du deuxième actionnaire déclaré, Alexander Vik, qui a franchi le 17 mars le seuil de 5 % des droits de vote, via sa société immatriculée aux îles Turquoise, Sebastian Holdings. L'homme d'affaires américano-norvégien, qui a fait fortune pendant la bulle Internet et vit à Monaco, n'a pas répondu à nos questions sur cet investissement de quelque 95 millions d'euros.Manque de projets. Au 31 mars 2005, outre la famille Rodes qui détient 2,6 % de Havas, les membres du conseil possèdent l'équivalent de 0,4 % du capital, révélant le manque de représentativité du conseil, soutient le camp Bolloré. "Un conseil doit être le reflet d'un projet d'entreprise, or Vincent Bolloré n'a pas exprimé ses projets pour Havas", martèle le camp d'Alain de Pouzilhac, le PDG. "Bolloré aura du mal à plaider l'incompétence d'un management qui a redressé les marges à 13 %", relève un expert qui juge "curieuse" la réaction du marché. "L'entrée de Bolloré au conseil réduirait l'attrait spéculatif du dossier puisqu'en tant qu'initié, il verrait sa flexibilité pour vendre restreinte."Delphine Cuny
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.