Les pays accédants insensibles

Loin des craintes exprimées par les dirigeants européens, les marchés des pays candidats à l'entrée dans l'Union européenne ne se sont visiblement pas émus du résultat du référendum français. Alors qu'avant le scrutin l'essentiel des incertitudes se concentraient sur la Turquie, la Bourse d'Istanbul gagnait hier 2,1 % sur sa lancée de vendredi. Quant à la livre turque, elle progressait à la fois contre l'euro et contre le dollar. Soit une hausse pour le moins inattendue de 3,35 % depuis que le "non" a pris la tête des sondages (17 mars). "En fait, la devise turque a davantage réagi la semaine dernière, à la perspective du départ de Gerhard Schröder et de l'arrivée au pouvoir en Allemagne de la CDU, beaucoup plus réticente à une adhésion d'Istanbul", explique Murat Toprak, stratège changes chez Société Générale.Long feu. Les opérateurs ont largement eu le temps d'intégrer un rejet de plus en plus probable de la Constitution ces dernières semaines. La poussée de volatilité des quatre principales devises d'Europe centrale et orientale (le zloty polonais, la couronne tchèque, le forint hongrois et la couronne slovaque) pourrait désormais faire long feu, estiment les spécialistes de Dresdner Kleinwort Wasserstein. "En outre, la chute enregistrée par ces monnaies depuis le début de l'année s'explique moins par la perspective du référendum que par la remontée de l'aversion au risque qui a nui à l'ensemble des marchés émergents", affirme le stratège de Société Générale. Les facteurs locaux ont aussi joué. Le zloty a ainsi souffert de la crise politique en Pologne et le forint de la dégradation de la note de la Hongrie par Standard & Poor's.De fait, le scrutin hexagonal ne remet nullement en question les conditions d'accession à la zone euro des dix nouveaux membres de l'UE, ni même l'entrée dans l'UE de la Roumanie et de la Bulgarie qui ont d'ores et déjà signé un traité d'adhésion. "En revanche, les négociations seront sans doute plus difficiles pour les autres candidats, comme la Turquie, l'Ukraine et les anciens pays formant la Yougoslavie", signale Eric Chaney, stratège chez Morgan Stanley. La prudence reste donc de mise. D'autant qu'à la question "est-ce que le processus d'élargissement européen pourrait prendre du retard après le non français ?", le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, répondait hier qu'il s'agirait "d'une des principales questions du débat quand les dirigeants politiques affronteront la question de savoir comment surmonter cette crise politique".S. R.
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