Bercy interpellé pour surtaxer le groupe

Petit quiz à nos lecteurs. Qui, évoquant les bénéfices des majors du pétrole, a appelé à un "équilibre entre les consommateurs qui doivent payer pour le carburant et le chauffage et les producteurs" ? Réponse, Gordon Brown, le ministre britannique des Finances, alors qu'il justifiait la décision de son gouvernement du doublement de la taxe spéciale de 10 % imposées aux compagnies pétrolières sur leurs profits réalisés en mer du Nord. Aux États-Unis à l'automne, certains élus démocrates avaient brandi l'idée de surtaxer les profits des groupes pétroliers. La polémique sur les superprofits et leur utilisation rebondit en France à l'occasion de la publication des résultats record de Total.L'association UFC-Que choisir a décidé d'interpeller les pouvoirs publics. Au nom de la défense des consommateurs, elle a écrit au ministre français de l'Économie afin d'obtenir un rendez-vous et lui exposer une nouvelle fois sa proposition d'instaurer une taxe exceptionnelle de 5 milliards d'euros sur les profits enregistrés par Total en 2004 et 2005. "C'est une mesure de justice économique", plaide Alain Bazot, président d'UFC-Que choisir, pour qui il s'agit de mettre fin à une situation indécente. "D'un côté, les consommateurs font face à une surinflation du prix de l'essence et d'un autre côté les compagnies pétrolières engrangent des profits astronomiques qui servent essentiellement à rémunérer les actionnaires."Cette taxe pourrait dans l'esprit de l'association être affectée à un programme d'investissement dans les services de transports collectifs de proximité. Et Thierry Desmarest de lancer, sur le mode à peine voilé de la menace, "si l'on veut que les entreprises soient toutes basées ailleurs dans le monde, il faut le dire". Le PDG de Total a fait valoir qu'alors même que le groupe réalise 95 % de ses bénéfices hors de France il contribue à l'accroissement de la richesse dans l'Hexagone via notamment ses centres techniques basés en France et ses actionnaires à 35 % tricolores. Face à l'accusation de l'UFC selon laquelle Total "ne sait plus quoi faire de son argent" et l'utilise soit pour racheter des actions ou "être le champion du versement de dividendes", les résultats du groupe montrent qu'en 2005, Total a consacré les trois quarts de son flux de trésorerie d'exploitation à des investis- sements.Bercy, qui ne souhaite pas faire fuir les actionnaires, se garde bien de jeter de l'huile sur le feu. Attendant de recevoir le courrier d'UFC-Que choisir, les services de Thierry Breton s'en tiennent au compromis atteint à la mi-septembre avec l'engagement de Total de mener sur la période allant jusqu'à 2010 des investissements dans le raffinage, dans les économies d'énergie et le développement des énergies renouvelables.Anne Eveno
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