La gouvernance d'Havas en question à l'AG

L'assemblée générale (AG) d'Havas, qui doit se tenir lundi, va être l'occasion d'apprécier les subtilités de la gouvernance imposée par Vincent Bolloré. Il y a un an, l'homme d'affaires avait pris habilement le contrôle du sixième groupe mondial de publicité. Les actionnaires d'Aegis, dont le groupe Bolloré a pris 25 % et au conseil duquel il cherche à imposer deux représentants, ne seront sans doute pas insensibles au débat qui devrait avoir lieu sur le fonctionnement des organes de direction du groupe français. Seule certitude en attendant : l'Association française de gestion financière (AFG) a alerté ses adhérents sur deux résolutions 4 et 23, et Laurence Parisot, présidente du Medef, devrait présenter sa démission de son poste d'administrateur.Car Vincent Bolloré a pris quelques initiatives qui tranchent avec le renforcement des contre-pouvoirs partout ailleurs : il a d'abord réduit les jetons de présence à 1.000 euros par administrateur, et 5.000 pour le président du comité d'audit, montrant par là toute l'importance qu'il attache à leur travail. Ensuite, refusant de suivre les recommandations du comité de rémunération sur le calcul des bonus des cadres dirigeants du groupe, il a tout bonnement supprimé ledit comité !Seulement, ces gestes surviennent à un moment où Havas doit gérer un vrai problème de rémunération. La veille de l'AG 2005, peu de temps avant son départ, Alain de Pouzilhac avait accordé à 35 salariés d'Euro RSCG, et plus particulièrement à ses dirigeants Mercedes Erra, Rémi Babinet et Stéphane Fouks, un avantage promettant d'être très lourd pour Havas : le rachat des options sur Euro RSCG accordées en 2004, qui devrait leur permettre d'engranger entre septembre 2008 et septembre 2009 des plus-values qui, selon les performances de l'agence, atteindront entre 26 et 56 millions d'euros. Et ce, sans l'avoir fait voter par le conseil d'administration, ni même soumis, en bonne et due forme, au comité de rémunération, pas plus qu'au comité d'audit. Ce plan exorbitant au regard de la capacité bénéficiaire d'une agence de publicité (voir "La Tribune" du 5 mai 2006) fait bondir certains actionnaires.Vincent Bolloré va-t-il refuser d'honorer les engagements d'Havas au motif qu'Alain de Pouzilhac a engagé sa signature sans en référer au conseil ? Pour l'instant, il n'en a pas exprimé l'intention, car il craint que le départ des bénéficiaires n'hypothèque le redémarrage de l'activité d'un Euro RSCG toujours à la peine. Mais est-ce tenable ? Indemnités de départ. En revanche, dans ce registre, il pourrait bien peser de tout son poids en votant contre l'octroi d'indemnités de départ et de non-concurrence à Alain de Pouzilhac pour 7,8 millions d'euros, bien qu'il ait lui même voté en leur faveur lors du conseil du 28 juin 2005. Alors qu'à la fin 2005, moins de 600.000 euros avaient été réglés à l'ancien président, la conclusion de la transaction est soumise lundi à l'approbation des actionnaires. Fera-t-il de ce vote un exemple, au moment où l'opinion s'émeut de trop généreuses primes de départ ?Valérie Segond
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