Eurotunnel prêt à enclencher une procédure de sauvegarde

Pour sortir Eurotunnel de l'impasse financière, son président, JacquesGounon, a placé tous ses fers au feu. Alors qu'expire ce soir le nouveau délai légal autorisant son groupe à négocier la restructuration des 9,1 milliards d'euros de dettes sous lesquels son groupe croule, il a procédé hier auprès du tribunal de commerce de Paris aux démarches préliminaires prévues par la loi de sauvegarde des entreprises du 25 juillet 2005 entrée officiellement en vigueur en janvier dernier. La procédure de sauvegarde est donc prête à être enclenchée dans l'hypothèse où les négociations décisives entamées en parallèle hier après-midi ne trouveraient pas aujourd'hui une issue favorable. Le sort du concessionnaire exploitant le tunnel sous laManche est donc en train de se jouer. Du moins, ses actionnaires et ses salariés devraient savoir d'ici à ce soir si les négociations de la dernière chance engagées hier après-midi entre l'ensemble des représentants des créanciers du groupe et son président ont scellé les bases d'un accord définitif pour la restructuration de cette dette colossale ou si la justice va entrer en piste pour régler cet épineux dossier.Cette rencontre décisive, perturbée en fin d'après-midi par l'officialisation de la procédure judiciaire en cours, a eu lieu dans les locaux du conseiller juridique d'Eurotunnel, le cabinet d'avocats Freshfields Bruckhaus Deringer. Tout le ban et l'arrière-ban des détenteurs de la dette et leurs conseillers juridiques et financiers (soit une centaine de personnes au total selon nos informations) étaient au rendez-vous.Ultimes concessions. Réunion de préparation avait eu lieu le matin même entre JacquesGounon et des membres du comité ad hoc avec lesquels il a signé voilà quelques semaines un accord préliminaire de restructuration des 9,1milliards de dettes. Représentant à eux seuls 50,4 % des créances, ils sont, aux termes de cet accord, convenus d'un schéma qui réduit le poids de la dette de 9,1 à 4,24 milliards.Seulement, les créanciers obligataires regroupés au sein d'une association, l'Arco, et conseillés par Clothe Brothers d'un côté et Deutsche Bank de l'autre le refusent et lui opposent un plan alternatif. Aussi, hier matin, Jacques Gounon et les membres du comité ad hoc ont-ils envisagé les ultimes concessions susceptibles d'être mises sur la table des négociations dans l'après-midi.Pour Jacques Gounon, il est impératif qu'un accord soit conclu avant ce soir minuit, heure à laquelle expire le nouveau délai légal autorisant le groupe à négocier sa dette. L'accord des trois quarts des créanciers "juniors" (subordonnés) est nécessaire pour que le projet de restructuration présenté par Eurotunnel soit validé pour être présenté aux actionnaires lors de l'assemblée générale du 27 juillet. Sans quoi un dépôt de bilan, voire le déclenchement de la procédure de substitution, se profile à l'horizon.Selon les accords de concession, les créanciers peuvent se substituer à la société auprès de la France et du Royaume-Uni pour gérer l'exploitation jusqu'en 2052 et se faire ainsi rembourser. Dans un cas comme dans l'autre, obligataires et actionnaires risquent de tout perdre.
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