Eutelsat devra gérer l'échec de sa mise en Bourse

L'automne est fatal pour les ambitions boursières d'Eutelsat. Après avoir reculé une première fois en septembre 2002, l'opérateur de satellites de télécommunications a de nouveau renoncé à entrer en Bourse. Mais si en 2002 le projet était à peine lancé, cette fois l'ordre d'annulation a été donné à la dernière minute, jeudi soir, alors que les transactions devaient débuter aujourd'hui. Raison invoquée : "des conditions de marché particulièrement difficiles", les mêmes qui avaient contraint le groupe à réduire de 20 % le prix de ses actions alors que le livre d'ordres n'était rempli qu'à moitié.Ristourne. Après cette ristourne, raconte l'un des banquiers chargé du placement, "le livre d'ordres était sursouscrit. Nous pouvions donc passer en force. Mais compte tenu de la prudence actuelle des gérants nous n'avions pas l'assurance d'avoir des relais d'investisseurs suffisants pour assurer l'after market (les premiers jours de cotation, Ndlr)". Le risque ? Que l'action connaisse la même déconvenue que Telenet. Introduit le 10 octobre, l'action du câblo-opérateur belge s'est depuis écroulée de 20 %. Un cas loin d'être isolé. En octobre, selon des données Bloomberg, les investisseurs ont perdu de l'argent dans cinq des sept plus grosses introductions européennes.Eutelsat ne dit pas quand il souhaite de nouveau tenter sa chance. Certainement pas cette année, le calendrier devenant trop serré. Et peut-être pas avec le même projet. Car comme l'explique un très bon connaisseur d'Eutelsat et des opérateurs satellites, "il faudra proposer aux investisseurs une autre histoire". En attendant, les actionnaires actuels, des fonds d'investissement, dont en premier chef Eurazeo (38,4 %), peuvent patienter. Ils ont touché en début d'année un dividende cumulé de 563 millions d'euros. Et devraient se partager les 160 millions que prévoyait de verser l'an prochain Eutelsat. A moins que certains d'entre eux ne cherchent à vendre.La direction Eutelsat va devoir gérer cet échec. Même sans les 860 millions de l'augmentation de capital, l'opérateur dégage suffisamment de cash-flow pour rembourser ses 3 milliards de crédits. S&P a maintenu vendredi sa note sur la dette. L'échec pourrait en revanche provoquer des remous au sein de la direction. Des sources rappellent que l'annulation du projet en 2002 avait fragilisé les positions de Giuliano Berretta, le président d'Eutelsat. L'annulation de l'introduction a en tout cas fait les affaires de SES Global. Vendredi, l'action du premier concurrent d'Eutelsat a gagné 5 %.Olivier Pinaud
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