Les placements accélérés en passe de se multiplier

Hasard des coïncidences, alors qu'ils étaient devenus plus rares cette année, deux placements accélérés (ou " accelerated book building ") ont été lancés hier, concomitamment, sur les marchés financiers. L'un sur 5,3 % de Veolia Environnement encore détenus par Vivendi, avec la Société Générale comme seul teneur de livres, pour un montant d'environ 876 millions d'euros. L'autre sur 34 millions d'actions nouvellement émises par Bayer via les réseaux du Crédit Suisse, d'UBS et de Citigroup, pour 1,2 milliard d'euros.Depuis cinq ans environ, le placement accéléré est la technique la plus répandue en Europe pour la cession de titres, dès lors que la liquidité sur les marchés est suffisante. Rapide, le placement, réalisé en quelques heures, permet aux banques, qui ont garanti au vendeur un prix minimal, de limiter leur exposition à la volatilité des marchés et donc de réduire leur risque. Pour les augmentations de capital, en revanche, la procédure est nettement moins répandue. En France, du moins, car dans d'autres pays, comme aux Pays-Bas ou en Allemagne, elle est couramment utilisée depuis plus de dix ans.La règle des "10 parmi les 20". Dans l'Hexagone, l'augmentation de capital se faisait plutôt avec un droit préférentiel de souscription (DPS). D'une part, pour associer les anciens actionnaires à la transaction et compenser leur dilution dans le capital par une décote proposée sur le titre. Mais aussi, parce que réaliser des augmentations " sèches " (soit sans DPS) imposait aux banques des contraintes particulièrement sévères. Parmi elles, la règle des " 10 parmi les 20 " qui leur interdisait d'offrir des titres à un prix inférieur à la plus petite des moyennes des cours sur 10 jours consécutifs de Bourse ; et ce, pendant les 20 jours qui précédaient l'augmentation de capital. Dès lors, dès que le cours baissait, l'opération devenait particulièrement risquée pour la banque qui avait garanti à la société émettrice le prix de la transaction.L'ordonnance sur les valeurs mobilières de juin 2004 est venue réduire les contraintes avec une règle plus arrangeante, celle du VWAP (ou "volume weighted average price", à prononcer ziwap). L'augmentation de capital sans DPS ne peut se faire à un prix inférieur de 5 % à la moyenne des cours de Bourse pondérés par les volumes des 3 jours précédents. Sauf si elle ne concerne que 10 % du capital, auquel cas aucune règle n'est imposée, si ce n'est l'accord des actionnaires en assemblée générale extraordinaire. L'an dernier, Scor et Ipsos ont figuré parmi les premiers français à s'engouffrer dans la brèche.Bayer émet 34 millions d'actionsIl lui manquait 1,2 milliard d'euros pour financer le rachat de Schering. Bayer a procédé hier à une augmentation de capital " sèche ", après avoir retiré la semaine dernière 4 milliards d'euros de la vente de son unité de diagnostic médical à Siemens. " Si le groupe avait réalisé une augmentation de capital avec DPS, il aurait dû émettre 40 millions de titres et non 34 millions. Il limite ainsi la dilution à moins de 1 % ", note Norbert Barth, analyste chez DZ Bank.
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