Un réseau électrique supraconducteur

Comment transporter toujours plus d'énergie électrique dans des ­zones très fortement peuplées sans multiplier les poteaux ni perdre trop de courant ? Grâce aux fils supraconducteurs qui transportent plus de 150 fois plus d'énergie que dans des fils traditionnels de cuivre de même diamètre. Avec ses 600 mètres de long, c'est une véritable prouesse qu'a réalisée Nexans, le leader mondial de l'industrie du câble, pour le compte de Lipa (Long Island Power Authority), l'un des principaux opérateurs de réseaux électriques aux États-Unis.Installé à Holbrook, à une petite heure de New York, ce câble supraconducteur haute tension peut transporter 574 millions de volts ampères (MVA), soit le courant nécessaire pour alimenter 300.000 foyers en électricité. " Nous vivons dans un monde de haute technologie, mais notre système de distribution électrique est d'une autre époque, déclare Kevin Law, le président de Lipa. Les câbles supraconducteurs marquent une étape vers l'électricité ­high- tech. "La supraconductivité est un phénomène survenant dans certains matériaux qui se ­caracté- risent par l'absence de résistance électrique. Pour rendre supraconducteur un matériau, il faut parvenir à abaisser sa température de façon très importante.NOUVELLE GENERATIONMême si cette technologie n'est pas nouvelle - le phénomène a été découvert en 1911 - et déjà utilisée aussi bien dans l'imagerie médicale que dans les transports à sustentation électromagnétique, c'est la première fois qu'un câble supraconducteur aussi important est intégré dans un réseau électrique de transport d'énergie. " À l'heure où les ­réseaux électriques dans tout le pays sont lourdement sollicités, la technologie supraconductrice est un puissant moyen de construire les réseaux de distribution d'énergie de nouvelle génération ", explique Kevin Kolevar, directeur de l'Office of Electricity Delivery and Energy of DOE, le ministère américain de l'Énergie.Autre intérêt de l'opération : ces câbles compacts, indépendants sur le plan thermique, peuvent être installés dans les emprises existantes, ­contribuant ainsi à réduire le coût et l'impact sur l'environnement des futures augmentations de capacité des réseaux. Bien sûr, tout cela a un coût : près de 25 millions de dollars, dont 13 millions, principalement de recherche et développement, supportés par Nexans. Un investissement que ne regrette pas le groupe français : " Nous avons fait d'un rêve technologique une réalité industrielle ", souligne Michel Rousseau, vice-président technique du groupe. D'ailleurs, plusieurs autres compagnies électriques sont intéressées par la technologie et un projet est en cours avec l'espagnol Endesa.
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