Jean-Marie Chevalier : "Le charbon propre coûte encore trop cher "

Avec l'envol du prix des matières premières, le charbon peut-il être une réponse aux besoins croissants des pays émergents ?Il est vrai qu'on a pu croire que l'utilisation du charbon allait se réduire, car c'est la plus polluante des énergies fossiles. Mais on constate une relance depuis quelques années. En Chine, le charbon est certainement l'énergie principale pour encore très longtemps. Bien que le pays ait décidé de construire une vingtaine de centrales nucléaires d'ici à 2020, cela ne fera guère reculer la part du charbon, qui représente quelque 70 % de la production d'énergie chinoise. C'est dramatique pour le monde (gaz à effet de serre), mais aussi pour les Chinois, lentement asphyxiés par la pollution locale. Les États-Unis sont un peu sur la même ligne, en continuant à faire du charbon sale. Même s'ils ont des ressources immenses, on assiste cependant à une prise de conscience des problèmes environnementaux contre l'administration Bush. Même s'il est très lent, c'est un revirement notable.Il existe pourtant des technologies pour faire du " charbon propre "...Oui, mais les procédés de capture et de séquestration du CO2 coûtent très cher. Si on n'oblige pas les compagnies à faire de tels investissements, elles ne le feront pas d'elles-mêmes. De plus, le commerce mondial du charbon est entre les mains d'un très petit nombre d'acteurs qui comptent sur la hausse des prix du gaz et du pétrole pour faire monter les prix.Quelles solutions envisager alors ?Nous sommes dans ce que j'appelle l'équation de Johannesburg : produire plus d'énergie, pour que les plus pauvres puissent se développer, mais en émettant moins de gaz à effet de serre. Pour la résoudre, il est clair qu'il faut avoir des bilans carbone moins intenses. Mais le problème se pose différemment selon les pays, et l'Europe peut être un exemple de partage de valeurs communes qui pourraient se résumer aux " trois vingt d'ici à 2020 " : augmenter l'efficacité énergétique de 20 %, réduire les émissions de 20 % et augmenter la part des énergies renouvelables de 20 %. Même si l'Europe ne pèse pas lourd face aux États-Unis ou à la Chine, elle peut tout de même être leader dans la perspective du sommet de Copenhague, en 2009. Cela étant, je suis assez pessimiste face à la contradiction entre énergie et changement climatique. L'optimisme ne pourra venir que des hommes et de leur capacité à trouver des solutions. Il reste encore beaucoup d'efforts à faire.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.