La bougeotte, facteur de stabilité

Àla tête de l'agence de publicité CLM BBDO, Valérie Accary est sans cesse amenée à se déplacer dans les filiales du groupe, chez les clients et chez les partenaires. " Dans nos métiers, ce n'est pas en restant arrimé au marché français qu'on peut se développer ", explique-t-elle. Pas le choix, donc.Pourtant, riche d'une enfance passablement baladée, elle n'a jamais vécu le nomadisme professionnel comme quelque chose de subi. " Je prends l'avion beaucoup plus facilement que le bus ", note-t-elle. Reste à trouver le bon équilibre, le juste dosage entre les avions, les hôtels, le bureau et la maison. Or cette mesure ne se décrète pas, elle se révèle au contraire au fil de l'expérience. " L'entreprise est un point d'ancrage. Un lieu de repères, avec une dimension quasi familiale. J'ai vécu une période où je me partageais entre deux bureaux à Paris et à Londres. Du coup, j'étais perdue. "Son équilibre personnel, Valérie Accary le trouve dans une équation raisonnablement gérée entre sédentarité et mobilité. Si elle déserte son bureau parisien une semaine à dix jours par mois, elle effectue ses déplacements par mini-tronçons de deux ou trois jours. " Je ne peux pas partir longtemps sans revenir. En même temps, si je ne bouge pas, je m'appauvris immédiatement. "Elle n'a pas pour autant cherché à mettre sur pied un dispositif de repli en délégation. La technologie relativise l'éloignement et l'impact desabsences sur la gestion managériale. La notion de mobilité en devientelle-même relative. CLM BBDO Paris fédère de nombreuses nationalités et reçoit régulièrement des collaborateurs en provenance d'autres filiales. "L'internationalisationdes marchés a obligé les entreprises à intégrer les échanges et le travail à distance. La mobilité fait aujourd'hui partie des meubles ", souligne Valérie Accary.FONDAMENTALEMENT SEDENTAIRESPour autant, la patronne de CLM BBDO ne verse pas dans l'injonction à la mobilité. Elle n'a pas érigé la bougeotte au rang des nouvelles valeurs morales de l'entreprise performante. " Beaucoup de mes colla-borateurs sont mobiles, mais la majorité de l'est pas. Bouger crée du déséquilibre et casse les structures. Pas question d'en faire un modèle et d'imposer un mode de vie qui, en soi, n'est pas naturel. Fondamentalement, nous sommes des sédentaires ", affirme-t-elle. S'il figure au rang des sources clairement identifiées de stress, le nomadisme vient également nourrir la responsabilisation des individus au sein de l'organisation. " Ce n'est pas parce que je pars que tout s'arrête. Au contraire. Il faut maintenir une connexion permanente ", souligne ValérieAccary. Lorsqu'elle séjourne àNew York, elle se lève à 5 h 30. Histoire de se projeter dans les mêmes amplitudes de travail que ses équipes à Paris.
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