Comment Mondadori tire profit des vieilles recettes

Par latribune.fr  |   |  570  mots
Quatre dates : 1947, 1931, 1919, et 1877. Des batailles historiques ? Non, les années de lancement de quatre vénérables magazines toujours fringants, édités par le groupe Mondadori. Parmi eux, « Nous Deux », le très lucratif benjamin de cette sélection, tout juste 63 ans. Suivent « L'Ami des jardins », 80 ans l'an prochain, « Modes & Travaux », 91 printemps, et, enfin, « Les Veillées des chaumières », 133 ans cette année ! Des vieilles recettes, ringardes peut-être, mais rentables. « Nous Deux », ce « magazine de l'amour et de la fiction » qui a donné ses lettres de noblesse au roman-photo, est, selon le président de Mondadori, Ernesto Mauri, « le titre le plus rentable du groupe après « Télé Star ».marketing offensifTroisième éditeur de magazines en France, Mondadori est le dernier arrivé dans l'Hexagone. Contrôlé par le holding Fininvest de Silvio Berlusconi, il a racheté pour 551 millions d'euros, en 2006, Emap France, rebaptisé Mondadori France. Le groupe, qui édite le mensuel « Biba », a lancé en août dernier un féminin haut de gamme, l'hebdomadaire « Grazia », dont les ventes ont atteint 181.300 exemplaires en 2009. Si les ventes de ce féminin dynamique et moderne sont supérieures aux objectifs de Mondadori, elles sont en revanche loin derrière celles de... « Nous Deux ».L'hebdomadaire affiche en effet, en 2009, une diffusion France payée de 289.000 exemplaires, en recul de 3,1 %. Certes, le titre connaît une baisse régulière de ses ventes (en 2005, elles atteignaient 330.000 exemplaires). Mais, selon Carole Fagot, directrice déléguée de Mondadori France, la nouvelle formule lancée l'été dernier a permis de redresser la barre. « Nous Deux » a beau avoir l'âge de la retraite, « il reste sur un créneau porteur » et sa lectrice est d'une fidélité infaillible. Son taux de réabonnement est « exceptionnel », à 87 %, pointe Carole Fagot, qui précise que le titre se vend à 70 % en kiosque.Il attire chaque semaine 1,5 million de lectrices (et quelques lecteurs...) âgées en moyenne de 25 à 55 ans. Mondadori s'est lancé depuis deux ans dans une politique de marketing offensive pour maintenir les ventes du titre. Des « plus produits » (pochette, foulard...), des hors-séries et des romans sont régulièrement proposés et permettent de faire grimper le prix de 1,95 euro (prix classique) à 2,50 euros, voire 2,95 euros.bientôt sur les écransPour 2010, « Nous Deux », qui n'a pas de site Internet, pourrait être décliné sur la Toile, mais le groupe n'en dira pas plus. De même, il pourrait connaître une nouvelle vie sur le petit écran. Le producteur Jean-François Boyer, ex-président de Tel France (« Plus belle la vie »), a dans ses cartons un projet de feuilleton estampillé « Nous Deux »... Outre « Nous Deux », Mondadori a dans son portefeuille le centenaire et toujours rentable « Les Veillées des chaumières ». L'hebdomadaire, qui a adopté la couleur il y a... un an et demi, n'a aucune page de publicité et se vend à près de 50.000 exemplaires chaque semaine à de très fidèles lectrices de plus de 70 ans... Les mensuels « L'Ami des jardins » et « Modes & Travaux » ont en revanche beaucoup plus souffert de la crise du marché publicitaire, mais Mondadori se refuse à chiffrer le recul. Leurs marges restent toutefois confortables, notamment pour « Modes & Travaux », dont les ventes dépassent les 370.000 exemplaires pour une audience de 2,7 millions de lectrices. Les deux mensuels proposent eux aussi très régulièrement des plus produits qui, selon le groupe, sont de vrais succès.