Nicolas Sarkozy se montre solidaire du Japon tout en défendant le nucléaire civil

« On reconnaît ses amis lorsqu'ils viennent vous voir les jours de pluie » : c'est par cette boutade que le Premier ministre japonais Naoto Kan a accueilli Nicolas Sarkozy jeudi. Le Président de la République a profité de sa présence à un sommet monétaire en Chine pour venir témoigner de sa solidarité avec le Japon et avec la communauté française du pays. C'était le premier Chef d'État étranger à se rendre à Tokyo depuis le séisme du 11 mars. Une visite appréciée par le gouvernement, qui continue de lutter avec une situation critique autour de la centrale nucléaire de Fukushima, et les conséquences d'un tsunami qui a fait environ 30.000 victimes. « Pour l'instant c'est si compliqué qu'on ne peut même pas faire de constat », estimait un spécialiste du nucléaire français dépêché sur place. Outre des centaines de sauveteurs, la France a envoyé six experts nucléaires (ils seront vingt au total) pour assister les Japonais, ainsi que des robots destinés à travailler autour de la centrale.Le président français a toutefois tenu à souligner que la France n'envisage pas de réduire son usage du nucléaire civil. « Nous avons pris des engagements de réduction des gaz à effet de serre. Pour les remplir, il n'y a pas 150 solutions, il y a le nucléaire », a-t-il indiqué, ajoutant que « l'heure n'est pas aux choix précipités qui ne marquent qu'une seule chose, le manque de sang-froid », une pique à la chancelière Merkel qui veut sortir du nucléaire. Socialement indécent« Le problème est un problème de norme de sûreté plus que de choix de l'énergie nucléaire, pour laquelle il n'y a pas d'alternative à l'heure actuelle » explique Nicolas Sarkozy, proposant la réunion en mai à Paris des autorités de sûreté nucléaire des pays du G20 pour imposer des normes communes de sûreté des installations. Il a aussi loué « le niveau de sûreté maximal » des réacteurs français EPR.Pendant ce temps, la zone du séisme, la région du Tohoku, représentant 7 % de l'économie du pays, s'enfonce lentement dans le marasme. Mais la catastrophe se ressent dans toute l'économie du pays : rationnement de l'électricité, mauvais approvisionnement des magasins, arrêt de la production sur des composants industriels critiques pour les entreprises manufacturières nippones et pour le reste du monde se sont ajoutées à la catastrophe naturelle. Jeudi, la société de données financières Markit relevait que son indice de production manufacturière du Japon s'était effondré « davantage que ce que nous avons observé après le choc Lehman et le 11 septembre », selon son économiste Alex Hamilton. Quant à la consommation, elle est devenue presque suspecte. Il devient socialement indécent de dépenser, dans un climat où une partie de la population vit un enfer. « Les annulations de voyages des Japonais vers l'étranger ne cessent d'augmenter. Ils ont honte de dépenser leur argent en Europe alors que leurs compatriotes souffrent », explique le représentant d'une compagnie aérienne européenne.Régis Arnaud, à Tokyoexergue1/2
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