Les vérités de Carrefour

Décidément, c'est une décision qui ne passe pas. Non seulement les projets de scission de Carrefour ne convainquent pas la Bourse, mais en plus ils font chaque jour de nouveaux mécontents. Début mars, Jean-Martin Folz, l'ancien patron de PSA Peugeot-Citroën, démissionnait de son poste d'administrateur. Officiellement, pour des « raisons personnelles ». En réalité, parce qu'il désapprouvait une opération « sans intérêt stratégique ». Il y a quelques jours, le fonds américain Knight Vinke tentait de rallier d'autres actionnaires minoritaires pour s'opposer, en assemblée générale, à la mise sur le marché de 100 % de Dia, la filiale de « hard discount » du distributeur, et de 25 % de sa foncière Carrefour Property. Jeudi enfin, Hervé Defforey, descendant de l'un des fondateurs du groupe en 1959, faisait savoir à son tour, qu'il votera « non ». La levée de boucliers impressionne. Elle a de bonnes raisons. Ces deux projets, voulus depuis leur entrée au capital de Carrefour par ses deux actionnaires de référence, Bernard Arnault et Sébastien Bazin, sont à vocation purement patrimoniale - faire remonter du cash -, le produit des scissions (4 milliards d'euros) devant être intégralement redistribué. Ils ne régleraient donc, en rien, les difficultés - réelles - du groupe. Depuis sa fusion avec Promodès en 1999, le distributeur souffre, à l'international, d'une trop grande dispersion - le redressement est à portée de main - et, en France, d'un mariage raté entre les hypermarchés Carrefour et Continent, ainsi que d'un positionnement prix incertain. Ce sont ces deux dossiers-là que le groupe doit traiter en priorité. Lars Olofsson, le directeur général, s'y emploie. Mais se défaire des bijoux de famille n'y ferait rien. La Bourse, Jean-Martin Folz, les minoritaires ne disent pas autre chose. On ne peut pas casser un champion national, uniquement parce qu'on y est entré à un mauvais moment. Ou pour de mauvaises raisons. [email protected]
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