La Côte d'Ivoire bascule, le cacao plonge de 20 %

Sur le marché à terme du cacao, c'est la dégringolade. Les cours des fèves, qui s'étaient envolés de 26 % depuis les élections en Côte d'Ivoire au mois de novembre, sont presque revenus à leur niveau d'avant-crise. Sur le Nyse Liffe à Londres, la tonne de cacao valait 2.400 livres sterling début mars; elle cote désormais 20 % de moins, à 1.912 livres sterling ce jeudi. La chute s'est accélérée ces derniers jours, alors que la situation politique de la Côte d'Ivoire, le premier producteur de cacao, évoluait du tout au tout. L'avancée rapide des forces de Ouattara, qui ont pris le contrôle en 48 heures de Yamoussoukro et surtout du port cacaoyer San Pédro, laisse entrevoir la fin de la crise. Et sans doute la fin de l'embargo sur les précieuses fèves de cacao entreposées dans le pays. Depuis le 23 janvier, et à la demande du président élu Ouattara, les fèves étaient interdites à l'exportation. Un blocus destiné à couper les vivres du clan Gbagbo, qui contrôlait l'export et les taxes à l'exportation des fèves. Une stratégie visiblement gagnante, puisque le président sortant serait aujourd'hui sans ressources. L'Union européenne, qui imposait de surcroît un embargo sur les marchandises, pourrait le lever partiellement si Laurent Gbagbo renonçait officiellement au pouvoir au profit d'Alassane Ouattara. Dans ce cas, un véritable déluge de cacao inonderait le marché. Les stocks de cacao bloqués en Côte d'Ivoire sont estimés à 1 million de tonnes, dont 125.000 à 250.000 tonnes étaient stockées à San Pédro. « La levée de l'embargo pourrait prendre plusieurs semaines, et surtout la filière est totalement désorganisée, du coup je me demande si le marché n'est pas un peu optimiste » assure un acheteur. La forte baisse des cours serait d'ailleurs plus le fait de fonds que d'industriels, selon Eric Sivry, responsable des dérivés chez Marex Financial. « Les fonds avaient une position acheteuse très importante il y a encore deux semaines » constate le trader. Les paris à la hausse dépassaient les paris à la vente de 110.000 lots. Ce qui représente 1,2 millions de tonnes de cacao, ou l'équivalent des stocks ivoiriens. Les paris haussiers ont entre-temps diminué de moitié. Aline Robert (Voir aussi page 32)
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