« La crise a suscité une demande d'éthique »

Par latribune.fr  |   |  316  mots
STRONG>Dans votre livre, le chef d'entreprise, le « Fondateur », est un homme dieu sans pitié et inaccessible. Est-ce l'image que véhiculent les patrons aujourd'hui??L'entreprise n'a plus de visage pour ses salariés. Avant, les employés connaissaient leur patron, son nom et son visage. Aujourd'hui, les entreprises sont gigantesques et appartiennent à des fonds de pension et à un actionnariat complètement morcelé. Les visages ont disparu. Les salariés sont isolés et perdus dans un système hyper spécialisé et déshumanisant. Dans l'affaire Kerviel, les dirigeants de l'entreprise se défendaient en disant qu'ils n'étaient pas au courant des agissements de leur employé et donc qu'ils n'étaient pas responsables. Les patrons eux-mêmes sont perdus. Ce sentiment de perdition où l'on ne sait plus qui dirige, qui gouverne, qui exécute existe des deux côtés de la chaîne.D'où tenez-vous une vision aussi noire du monde de l'entreprise??Le point de départ a été l'affaire des suicides de France Télécome;lécom. Je voulais décrire ce système où les hommes sont interchangeables, où seules les fonctions comptent et où les pressions sont très fortes.La crise a-t-elle aggravé la situation??Je pense que le grand mal dans notre société, c'est l'argent. Les crises n'en sont que les résultantes. Avec le capitalisme, l'homme en est venu à adorer l'argent, à vouloir en fabriquer le plus possible. Même si toutes les leçons n'ont pas encore été tirées, la crise de 2008 a eu un effet révélateur et a suscité une demande d'éthique chez beaucoup de personnes. Je me surprends de plus en plus quand je vais à la banque à poser des questions sur les produits qu'on me conseille, à demander d'où vient l'argent qu'on me propose... Et je crois ne pas être le seul.Propos recueillis par Aglaé de Chalu