Dexia a dépassé les querelles franco-belges

Par latribune.fr  |   |  711  mots
Un an après le sauvetage de Dexia, où en est-on de la restructuration du groupe ?Le travail accompli depuis un an par les équipes de Dexia est considérable et avec une réduction de la taille du bilan de près de 10 % ? 60 milliards d'euros ?, nous sommes en avance sur notre plan de marche. Nous sommes sortis du risque américain avec la vente de FSA. Nous rétablissons progressivement la situation de liquidité du groupe : l'objectif de réduction du besoin de financement à court terme était de 100 milliards d'euros à un horizon de deux ans. En un an, nous l'avons déjà diminué de 70 milliards. Le groupe est redevenu profitable avec deux trimestres consécutifs de résultats positifs. Enfin, nous nous sommes recentrés sur nos deux métiers essentiels : le financement du secteur public local et la banque de proximité. Ce qui signifie que nous avons arrêté un certain nombre d'activités à la fois en Europe de l'Est et dans une dizaine de pays à l'international.Que reste-t-il du portefeuille obligataire de Dexia ?Le groupe avait un portefeuille obligataire de 220 milliards d'euros dont 158 milliards ont été mis en « run off » fin 2008. L'amortissement de ce portefeuille se poursuit. Depuis un an, nous avons réussi à céder pour 11,5 milliards d'euros de titres avec une décote très limitée, de l'ordre de 40 millions d'euros seulement.Êtes-vous sûr que Dexia sera en mesure de se passer de la garantie des États fin 2010 comme vous l'avez annoncé ?Nous mettons tout en ?uvre pour que, à partir de fin octobre 2010, Dexia n'émette plus de dette garantie. Si nous n'y arrivions pas, je considérerais que je n'ai pas rempli ma mission. Nous sommes actuellement dans une phase d'accélération du changement. Les premières étapes de la sortie du mécanisme de garantie des États ont été franchies avec succès : cet été, nous avons émis de la dette non garantie démontrant ainsi notre capacité à nous financer à long terme. Deuxième étape : nous avons obtenu des États l'autorisation de tester le marché sur les financements à court terme non garantis. En fait, nous réduisons progressivement l'utilisation de la garantie des États. Actuellement, nous utilisons ces garanties à hauteur de 73 milliards d'euros, contre 95 milliards en mai.Où en êtes-vous de la réorganisation interne du groupe ? Le temps des tensions au plus haut niveau entre Français et Belges est-il révolu ?Dans le passé, Dexia a souffert de problèmes de gouvernance qui ne sont pas étrangers aux difficultés extrêmes de l'automne dernier. C'est pourquoi nous avons mené un travail important de redéfinition de la gouvernance du groupe, qui s'est traduit par des renouvellements au conseil d'administration et par une amélioration du pilotage des risques à tous les niveaux. Nous avons en particulier mis en place une équipe de direction resserrée et partageant les mêmes objectifs. Le comité de direction est passé de 11 à 5 membres, des Français et des Belges. Mais le sujet de la nationalité est devenu très secondaire. Il s'agit avant tout de banquiers dont la priorité est de remettre Dexia sur les rails. En outre, dès la recapitalisation de Dexia, nous avons veillé à parler d'une seule voix avec le président Jean-Luc Dehaene et nous avons peu à peu regagné la confiance des gouvernements et des actionnaires.Avez-vous retrouvé vos parts de marché en France et en Belgique ?En Belgique, les clients nous sont restés fidèles et la croissance organique des dépôts a repris. Fin juin 2009, nous avions dépassé de 6 milliards d'euros le montant des dépôts qui prévalait en décembre 2008. En France, nous n'avons jamais cessé d'accompagner nos clients même au plus fort de la crise. En début d'année, nous avons dû répercuter la hausse de notre coût de financement sur nos conditions de crédit. Notre part de marché dans la production de nouveaux prêts s'est réduite dans un marché très contracté. Mais nous sommes maintenant dans une situation différente : le marché des « covered bonds » s'est rouvert et nous sommes en mesure de mettre à la disposition du secteur public local une enveloppe de 10 milliards d'euros d'ici la fin de l'année.