Thibault et Chérèque à fronts renversés

Par latribune.fr  |   |  426  mots
En 2003, François Chérèque avait jugé le compromis sur les retraites « acceptable ». En 2010, le leader de la CFDT n'hésite pas à dénoncer le « mépris » dont fait preuve le gouvernement à l'égard des opposants à sa réforme de retraite et le met en garde contre la tentation de considérer les manifestations comme du « folklore ». En 1995, à la tête de la CGT cheminots, Bernard Thibault avait mené le blocage des transports publics contre la réforme des régimes spéciaux et le plan Juppé sur la sécurité sociale. Désormais, le secrétaire général de la centrale de Montreuil écarte l'idée d'une grève reconductible et exige du gouvernement l'ouverture de « réelles négociations sur les propositions alternatives susceptibles de garantir le financement des retraites et le maintien du droit au départ à 60 ans ». Dans cette réforme 2010 des retraites, tant Bernard Thibault que François Chérèque affichent des postures diamétralement opposées à celles qu'ils ont adoptées dans le passé. Allant jusqu'à apparaître, au gré du bras de fer qui les oppose au gouvernement, à fronts renversés par rapport à leur image traditionnelle. Par delà le fond de la réforme des retraites, chacun joue en effet, dans ce conflit, la place et le poids de son organisation dans le futur paysage syndical. Bernard Thibault a à coeur de montrer au gouvernement mais aussi aux organisations patronales que la CGT peut opter pour une attitude responsable sur un dossier lourd. En clair, faire connaître son désaccord sans exiger un retrait pur et simple du texte et en faisant des propositions alternatives. Bien que titillé par Solidaires et Force Ouvrière, le leader de la CGT n'a pas non plus cédé à la tentation de la grève reconductible. Une partie de ses fédérations préférant une position plus dure, des remous risquent cependant d'agiter la centrale de Montreuil dans les prochains mois. La position de François Chérèque est mieux acceptée en interne. D'autant que le leader de la CFDT a fait approuver sa stratégie par le congrès de son organisation en juin. Et qu'il a, à plusieurs reprises et encore récemment sur la borne d'âge des 67 ans, tendu la main à l'exécutif pour trouver une porte de sortie honorable pour tous. Mais à terme, François Chérèque devra trouver le moyen de se démarquer d'une CGT qui empiète sur son terrain de prédilection, la négociation. A. L.