Le photovoltaïque, pourvoyeur d'emplois précaires

Voilà une étude qui, en ces temps de moratoire photovoltaïque et crise de la filière, jette un pavé dans la mare. Selon une enquête publiée hier mardi par le cabinet en stratégie SIA Conseil, les professionnels, qui aujourd'hui protestent et se battent contre le moratoire imposé par le gouvernement, « sont des entreprises opportunistes, qui ont su intelligemment profiter de la manne des incitations et de multiples effets d'aubaine sans pour autant créer d'emplois pérennes pour la France ». Voilà de quoi provoquer bien des réactions au moment où la question de la création comme du maintien de l'emploi est avancée comme l'un des enjeux majeurs de la concertation actuellement en cours entre professionnels et gouvernement.maintenir sous perfusionMême si les auteurs de l'étude préviennent, à l'instar de Matthieu Courtecuisse, directeur général de SIA Conseil, qu'ils n'ont « rien ni contre les énergies renouvelables ni encore moins contre le photovoltaïque en tant que tel », ils n'en affirment pas moins que l'ensemble du système de soutien de la filière, dont la pierre angulaire reste le dispositif des tarifs de rachat, se trompe de cible. « La plupart des emplois, 15.000 selon Sia Conseil, 20.000 pour Soler [la branche photovoltaïque du syndicat des énergies renouvelables, Ndlr], créés depuis 2009 concernent l'aval de chaîne de valeur [...]. Des emplois locaux très peu exportables, alors que le potentiel se situe sur l'amont de la chaîne de valeur. »Cette erreur de ciblage, insiste l'étude, fait que « lorsque la France aura atteint ses objectifs (en 2013, si l'on continue sur le rythme observé l'an dernier), ces emplois n'auront plus de sens. Il faudra certes surveiller, maintenir, remplacer les installations, mais cela ne représente guère que quelques centaines d'emplois, avec un chiffre d'affaires et une rentabilité bien moins attractive ».Avec à la clé un « coût pour la collectivité [qui] dépassera les 19 milliards d'euros d'ici à 2033 [date de fin des contrats d'obligation d'achat signés en 2013] ». Et l'étude d'enfoncer le clou : « 19 milliards pour maintenir sous perfusion 15.000 à 20.000 emplois, cela représente un coût entre 40.000 et 50.000 euros par emploi et par an (en incluant le bénéfice en terme d'émission de CO2) alors que dans le même temps la réinsertion d'un chômeur nous coûte guère plus que 36.000 euros par an. » Fermez le ban !Parité des coûts à l'étudeOn pourra rétorquer aux auteurs que les perspectives qu'ils envisagent, et particulièrement les conséquences financières, sont déjà battues en brèche puisque le gouvernement a décrété un moratoire sur les tarifs de rachat afin, précisément, de revoir l'ensemble du dispositif et notamment de couper court aux effets d'aubaine, à court comme à long terme. Par ailleurs, les progrès technologiques combinés aux économies d'échelle que réalisent rapidement les fabricants de panneaux solaires ont pour effet de rapprocher sensiblement le coût du kilowatt-crête (kwc) photovoltaïque de celui du kilowatt-heure du réseau.À tel point que certains professionnels, mais aussi de nombreux experts proches des pouvoirs publics, envisagent une parité des coûts « dans les prochaines années ». Et que, dans ces conditions, on ne voit aucun gouvernement poursuivre une politique de subventions qui rendrait le kilowatt solaire moins coûteux que celui fourni par le réseau en faisant payer par la collectivité des soutiens financiers au photovoltaïque qui n'auraient plus aucune justification.
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