« Des taux de croissance autour de 25 % et au-delà ne sont pas rares dans le luxe »

STRONG>À la veille de la publication des résultats des entreprises du luxe, comment les 75 entreprises du Comité Colbert ont terminé 2010 ?De façon tout à fait exceptionnelle. Certes, le comparatif avec 2009 est favorable, mais pas seulement. De la gastronomie à la mode, au-delà de Chanel, Hermès, Louis Vuitton, toutes les sociétés ont gagné des parts de marché, quel que soit leur domaine d'activités. Des taux de croissance autour de 25 % et au-delà ne sont pas rares. Dans les champagnes et le vin qui avaient subi de pleins fouets la crise dès la fin 2008, la croissance est totalement repartie à partir du quatrième trimestre 2009 et s'est confirmée en 2010.Ce bond en avant, est-ce l'effet chinois ?Pas seulement. La Corée du Sud, l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines sont aussi à la hausse. En Chine, de 2005 à 2009, les implantations des maisons représentées par le Comité Colbert ont été multipliées par trois. C'est un effort sans précédent à la mesure de la taille de ce pays. Aujourd'hui, elles sont présentes dans 70 villes en Chine et possèdent 300 boutiques en propre.La croissance a-t-elle été soutenue dans d'autres régions du monde ?Au Moyen-Orient, la croissance est très vigoureuse. Et pas seulement à Dubai, mais aussi à Abu Dhabi, au Qatar, au Bahrein et en Arabie Saoudite qui aujourd'hui s'affirme comme le marché le plus prometteur de la région. En particulier, pour les parfums. Un homme arabique peut posséder 30 à 40 flacons différents. La mode aussi est très appréciée, de même que l'art de la table. Dans les palaces en France, la clientèle du Moyen-Orient a représenté jusqu'à 30 % des réservations.Vous préparez une opération de promotion au Brésil, pourquoi ?Une nouvelle classe intermédiaire est désormais en mesure de consommer du luxe, et ce malgré des taxes et droits de douane très élevés, qui, de fait, augmentent les prix ; nos produits y sont vendus 30 % à 50 % plus chers qu'en France. Les Brésiliens ont soif de consommation, et ce non seulement à São Paulo, mais aussi à Brasília. Pour l'heure, le Brésil représente 2 % à 3 % du chiffre d'affaires de 22 milliards d'euros que réalisent les membres du Comité Colbert, mais depuis trois ans, les ventes progressent annuellement de 20 % à 30 %.Comment les marques ont-elles résisté en Europe ?La demande intérieure des marchés locaux est restée forte. Pour preuve, les parfums et cosmétiques sélectifs ont terminé à + 4 % en France. À la taille de ce marché énorme, c'est très impressionnant. Dans un contexte excessivement morose, les produits de luxe continuent à faire rêver. Tous ceux qui pensaient que la crise allait de facto faire plier le luxe ont eu tort.Les touristes chinois et américains ont aussi déferlé ?À Hong Kong, les achats effectués par les touristes de Chine continentale représentaient jusqu'en 2003-2004 entre 15 % et 20 % de l'activité des marques de luxe, aujourd'hui, c'est 50 %. Partout dans le monde, la clientèle chinoise booste le marché. Aujourd'hui, c'est la première clientèle des Galeries Lafayette. À l'horizon 2020, l'organisation mondiale du tourisme estime à 100 millions le nombre de touristes chinois. La France est leur première destination. Tout ce qui est français est romantique, tous rêvent d'une coupe de champagne devant la tour Eiffel. Mais les Américains sont aussi revenus.Restent les États-Unis et le Japon, deux marchés historiques du luxe ?Dans les pays émergents, toutes les marques ont gagné des parts de marché. En revanche, dans les marchés matures, comme les États-Unis et le Japon, les leaders ont vu leurs parts diminuer, alors que les marques intermédiaires ont saisi des opportunités. Le Japon pèse encore 15 % à 17 % de l'activité des entreprises du luxe françaises, les États-Unis 20 % à 22 %.Le quotidien « el Mundo » a parlé du Comité Colbert comme d'« un exemple à suivre », êtes-vous satisfaite ?Nous avons mieux performé que nos concurrents. On est sorti très vite de la crise. Face à une croissance plus que soutenue, l'industrie du luxe en 2010 a couru après la production pour faire face à la demande. Cartier l'a annoncé, Van Cleef & Arpels a multiplié par deux les emplois dans ses ateliers, Louis Vuitton a embauché 300 maroquiniers. Les marques françaises de luxe ont généré plusieurs centaines d'emplois.
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