Axel Weber fragilise la BCE et torpille l'euro

La polémique qui s'envenime au sein du conseil de la Banque centrale européenne (BCE) ne pouvait pas tomber plus mal, dans une Europe qui se débat avec la crise de la dette souveraine de ses mauvais élèves. Car le président de la Bundesbank, qui brigue la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE en novembre 2011, a repris sa croisade. Le très dogmatique Axel Weber n'a jamais caché avoir voté le 10 mai contre la décision de la Banque centrale de Francfort d'acheter des obligations publiques pour venir en aide aux pays de la zone euro submergés par leurs difficultés budgétaires. Objectif recherché par la BCE : lutter contre la spéculation et permettre à la Grèce, au Portugal ou à l'Espagne de se refinancer dans des conditions supportables. Étant donné les risques - sur l'inflation et l'indépendance de la BCE - qu'il juge liés à cette mesure, Axel Weber a ressorti la hache de guerre en indiquant lundi que les opérations de rachat de dette « doivent être mises en oeuvre de façon très ciblée et limitée » et en exigeant la mise en place d'un plafond rigide sur ces rachats. nouveau coup de canifSi l'Allemand se permet de donner un nouveau coup de canif aux règles tacites de la banque centrale dont les décisions « collégiales » évitent l'étalement des divergences sur la place publique, c'est qu'il estime que la BCE a trahi ses principes. Du lourd... Jean-Claude Trichet a beau se démener pour démontrer que la crédibilité de la BCE reste intacte, les dés sont désormais pipés, dans un contexte déjà très chargé. On y voit cohabiter les craintes sur une croissance déjà poussive des plans d'austérité qui se mettent en place, les doutes sur la solidité des banques qui, selon la BCE, pourraient encore déprécier 195 milliards d'euros d'ici à la fin 2011, et les menaces sur les notations souveraines des États, dont l'Espagne vient à nouveau de faire les frais. On ne s'étonnera donc pas que la spéculation se soit à nouveau acharnée sur l'euro, qui est tombé hier à un nouveau point bas de quatre ans face au dollar, refluant jusqu'à 1,2110. L'euro se retrouve ainsi exactement à mi-chemin entre son record historique de faiblesse pulvérisé en octobre 2000 à 0,8230 et son point haut de tout temps atteint le 15 juillet 2008 à 1,6038 dollar. Et il semble condamné à refluer jusqu'à son cours historique moyen qui se situe à 1,18. Le gommage progressif de sa surévaluation manifeste serait une bonne nouvelle pour la zone euro si elle n'intervenait dans le contexte explosif de ces derniers mois.

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