Rumeurs et marchandages pour la future présidence

Par latribune.fr  |   |  391  mots
Ce n'est pas la première rumeur sur la succession de Jean-Claude Trichet à circuler dans les couloirs bruxellois. Et probablement pas la dernière à s'y enliser. Le 12 mai, le quotidien « Handelsblatt » assurait tenir « de sources proches du gouvernement allemand » que les 750 milliards d'euros du plan de soutien à la zone euro participaient d'un pacte occulte faisant du président de la Bundesbank (Buba), Axel Weber, le prochain tsar de la monnaie européenne. L'information n'a été depuis ni démentie, ni confirmée. Côté français, on note que « de l'eau coulera encore sous les ponts » d'ici à ce que les chefs d'État et de gouvernement tranchent cette délicate succession. « Qu'ils en aient parlé au dîner [du 7 mai entre chefs d'État] ? Ça m'étonnerait », indique ce diplomate. Et d'ajouter : « Les Italiens n'auraient pas laissé passer » - en référence à la candidature du gouverneur de la Banque d'Italie, Mario Draghi, à la présidence de la BCE.La version allemande des faits est plus nuancée ; Berlin se contente de laisser courir la rumeur, comme s'il s'agissait d'une affaire entendue. En fait, personne ne veut complètement abattre son jeu d'ici à 2011. Le mandat du Français se terminant en octobre, il reviendra, sauf incident, au Conseil européen de juin 2011 de nommer son successeur. En douze mois, il peut se passer bien des choses.Le choix délibéré d'Axel Weber de critiquer ouvertement la politique de rachat d'obligations des pays du sud de la zone euro décidée à l'arraché, sous l'impulsion de Jean-Claude Trichet, risque de s'avérer contre-productive. Le patron de la Buba risque de se discréditer auprès de ses défenseurs pour consentir à une politique qu'il condamne. Ses détracteurs, au contraire, argueront de cet épisode pour démontrer que sa réputation de sérieux et de loyauté est surfaite. Du coup, les rumeurs commencent à courir sur de possibles « seconds choix ». L'Italien Draghi a beau continuer à faire campagne, ses chances ont été pratiquement réduites à zéro par la confirmation, en mars, du Portugais Vitor Constancio à la vice-présidence. Deux « sudistes » à la tête de la BCE, c'est au moins un de trop. Et le nord de l'Europe ne manque pas de banquiers centraux expérimentés, comme le Néerlandais Nout Wellink ou le Luxembourgeois Yves Mersch. Yann-Antony Noghès, à Bruxelles.