Comment l'industrie automobile allemande se joue de la crise

BMW a certes enregistré  un résultat net en baisse de 10 % au premier semestre. Il n\'empêche. Le constructeur munichois n\'en affiche pas moins un coquet bénéfice net de 2,62  milliard d\'euros. Son chiffre d\'affaires a augmenté de 10,5 % à 37,5 milliards, avec des ventes en hausse de 8% à plus de 900.000 unités.  La célèbre firme allemande, dont le profit opérationnel a reculé de 5% à 3,9 milliards pour les seules activités automobiles sur le semestre, fait quand même état d\'une excellente marge de.. 11,6 % (sur le seul deuxième trimestre).  De quoi faire pâlir de jalousie tous ses concurrents, sauf son compatriote Porsche qui a encore fait mieux à 18,7 %  !  Ce dernier, le plus rentable des constructeurs mondiaux, affiche pour sa part un chiffre d\'affaires en hausse de 29 % au premier semestre et un résultat opérationnel en progression de  plus de 20% à 1,26 milliard d\'euros. Ses ventes en volumes sont en augmentation de 22,5 %, à 68.940 unités. Pas mal, en pleine crise de l\'auto en Europe!Forte hausse des ventes d\'Audi Audi annonce de son côté, ce mercredi, un bénéfice opérationnel en hausse de 13,2 % à 2,9 milliards d\'euros, en hausse de 13,2%. Son chiffre d\'affaires sur la période a crû de 16 % à 25 milliards d\'euros, tandis que sa marge, en très léger déclin, frise celle de BMW à 11,5 %. De quoi financer les investissements futurs. Les ventes d\'Audi ont progressé de 12,3 % à 733.250 unités. La semaine dernière, le groupe Volkswagen, dont Audi est la filiale haut de gamme, avait publié un chiffre d\'affaires en augmentation de 23 % à 95,4 milliards d\'euros sur les six premiers mois de 2012, avec un résultat d\'exploitation de 7 % à 6,5 milliards. Soit une marge de 6,8 %, fort honorable pour un groupe qui vend aussi des petites Polo, des Skoda tchèques et des Seat espagnoles!  Et encore ce profit d\'exploitation, qui inclut les chiffres d\'Audi,  ne comprenait-il pas le bénéfice en progression d\'un tiers à 1,8 milliard d\'euros de ses grosses et rentables co-entreprises chinoises. Le bénéfice net semestriel du premier groupe automobile mondial bondit quans à lui de 36 %, à 8,83 milliards d\'euros.Des bonnes margesLe groupe de Basse-Saxe dans son ensemble est parvenu sur le semestre à accroître ses volumes de 12,4 %, à 4,6 millions de véhicules vendus mondialement. Daimler avait annoncé pour sa part en milieu de semaine dernière une hausse de 9,5% de son chiffre d\'affaires semestriel à  55,9 milliards d\'euros. La branche Mercedes-Benz (voitures particulières) affiche un bénéfice opérationnel certes en recul de 10% à 2,57 milliards, mais un chiffre d\'affaires en hausse de 6,4% à 29,34 milliards. La marge ressort à un 8,7% encore très largement supérieur à la moyenne mondiale.PSA, Renault, Fiat, Ford, en berneTous ces chiffres sont remarquables. Car, en comparaison, PSA affiche une perte nette de 819 millions sur le semestre, avec des ventes en chute de 13% dans le monde et une marge opérationnelle négative (-3,3%) dans l\'automobile. Renault enregistre un bénéfice net en fort recul à 786 millions, des ventes en baisse de 3,3% et une marge opérationnelle de 0,4% à peine! L\'italien Fiat (sans l\'américain Chrysler qu\'il contrôle) a publié mardi de médiocres résultats, avec une perte nette de 519 millions et des ventes en baisse.  Le groupe Ford a vu son bénérice net divisé par deux à 1 milliard de dollars (au deuxième trimestre), plombé par une perte de 404 millions de dollars en Europe. Le chiffre d\'affaires trimestriel a reculé de 2,1% à 31,4 milliards de dollars.Symbole de réussiteLes groupes allemands ont donc le vent en poupe en cette première moitié de 2012. Et rien ne semble menacer à court terme leur domination. Ils doivent leurs résultats exceptionnels à une très forte image, orientée  vers le haut de gamme, générée par des produits traditionnellement de qualité, technologiquement avancés et qui suscitent le... désir à travers le monde. Pour un chinois ou un russe, le symbole de la réussite, c\'est d\'avoir une Mercedes, une BMW, une Audi, une Porsche!  Pas une Fiat, une Peugeot ou une Ford...La Chine, l\'eldoradoLes groupes germaniques ont en tous cas réussi leur internationalisation. Certes, le climat économique morose affecte leurs résultats en Europe. Le groupe Volkswagen a vu ainsi ses ventes en en Europe de l\'Ouest (hors Allemagne), chuter de 5,7 % au premier semestre. Mais, en Europe centrale et orientale, ses ventes ont poursuivi leur progression en bondissant de 27 %. Aux Etats-Unis, les livraisons ont crû sur la période de janvier à juin de 30,4 %. En Asie-Pacifique, elles ont bondi de 17,6 % (à 1,48 million), en particulier en Chine (+ 17,5 %). Le consortium a d\'ailleurs inauguré jeudi dernier une nouvelle usine à Yizheng, dans l\'est de la Chine, d\'un potentiel de 300.000 véhicules. Volkswagen compte porter ses capacités de production à 4 millions de véhicules en 2018 dans l\'ex-Empire du milieu, véritable eldorado. Au cours du premier semestre, Porsche a accru, lui, de 38 % ses volumes en Chine à 15.638 unités. Le marché allemand n\'est pas en reste, Porsche enregistrant une croissance de près de 24 %, à 8.335 véhicules sur son marché intérieur.Le haut de gamme tire l\'imageN\'en déplaise au gouvernement français et à ses mesures fiscales pseudo-écologiques sur la voiture verte, le succès ne passe pas par des primes gouvernementales au jour le jour, des bonus ou des malus, mais... par le désir du client. Et, pour suciter l\'envie des consommateurs mondiaux, il faut... des gros véhicules puissants, de qualité, luxueux, qui servent de navire amiral à une marque et dont le prestige rejaillit par ricochet sur les modèles moins chers de la même firme ! Malheureusement, si le gouvernement allemand a toujours favorisé le haut de gamme outre-Rhin, qui est ainsi devenu la spécialité des firmes germaniques, les pouvoirs publics français ont à l\'inverse historiquement tué le haut de gamme par des mesures fiscales discriminatoires. Il ne faut pas s\'étonner dès lors que Renault et PSA se soient donc spécialisés dans les petits modèles en principe à faibles marges... qui ne font pas rêver, ni en Europe, ni surtout en-dehors... 
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