Vers de minces concessions sur les retraites

Par latribune.fr  |   |  474  mots
Que les ministres « restent mobilisés au service des Français », qu'ils « ne s'occupent pas du reste », qu'ils s'impliquent dans la réforme des retraites, « une réforme difficile ». À l'occasion du conseil des ministres, Nicolas Sarkozy a redit combien il attachait d'importance au débat sur les retraites, qui débutera le 7 septembre à l'Assemblée nationale, date que les syndicats ont choisie pour une journée nationale de grève et de manifestations. Entre l'exécutif et les syndicats, l'heure ne paraît pas être à l'apaisement.Justifiant récemment l'âge de départ à la retraite à 62 ans, le ministre du Travail, Éric Woerth, a récemment estimé qu'il s'agissait là d'un « âge de raison ». François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, lui répond vertement dans une interview au quotidien « Le Monde ». « Éric Woerth a évoqué un âge de raison pour la retraite à 62 ans, mais pour les salariés touchés par la pénibilité du travail, il impose la déraison. Car l'âge de raison pour un ouvrier, un technicien, un cadre, pour un homme ou une femme, n'est pas le même ». une retraite à taux pleinLe leader de la CFDT s'attaque aussi au recul de l'âge de départ avec une retraite à taux plein, de 65 à 67 ans, que prévoit le projet gouvernemental. Le maintien à 65 constituerait une avancée, souligne-t-il. S'agissant de la pénibilité, François Chérèque juge « scandaleux de nier la réalité des métiers pénibles ».Les députés membres de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, dont le rapporteur du projet de loi réformant les retraites, Denis Jacquat, veulent avancer des propositions sur ce sujet, que le gouvernement regarde avec attention. Comme l'avait suggéré le président de la commission des affaires sociales, Pierre Méhaignerie, dans (« La Tribune » du 20 juillet), il s'agirait de créer, dans chaque branche professionnelle, un fond finançant des actions permettant de traiter les cas individuels les plus criants, en amont, avant la constat d'une maladie invalidante. Pour Denis Jacquat, « le recours à un départ à la retraite anticipé doit être l'exception ». Il s'agirait plutôt d'inciter à des « réorientations, du temps partiel ». Et d'ajouter : « ce n'est pas parce qu'on est inapte à son travail qu'on est inapte au travail ».Pierre Méhaignerie voudrait que ces fonds soient financés par des économies sur l'assurance chômage. Mais ce point est loin de faire l'unanimité, l'Unedic étant en déficit.Pour que le texte ait une quelconque portée, la création de ces fonds serait conçue comme obligatoire, dans chaque branche, souligne Denis Jacquat. Mais la loi ne déterminera pas l'ampleur de ces actions, qui pourraient rester homéopathiques. D'où une déception probable côté syndical, face à une concession qui apparaîtrait bien mince.