Un pays de frêle constitution

Les peuples, même voisins en Europe, ont des rapports à l'écrit extrêmement différents. Ainsi, un Britannique, plus féru de jurisprudence que de droit latin, trouve tout à fait normal qu'un club-house de golf soit régi par une constitution interne, mais s'étonne qu'il faille en faire de même pour l'Union européenne. Nos voisins allemands, héritiers des actes carolingiens d'Aix-la-Chapelle, respectent les textes avec une fidélité sans faille. Le Français volage est prêt à écrire en même temps plusieurs lettres d'amour promettant à chaque fois sa fidélité à différentes maîtresses. Il faut vraiment l'assassinat d'un archiduc à Sarajevo ou l'envahissement d'un allié polonais pour que le coq gaulois se souvienne de ce qu'il a signé de ses ergots. Du coup, la décision d'inscrire dans la Constitution tricolore, comme l'ont déjà fait nos voisins germaniques, la réduction des déficits publics pour tendre vers l'équilibre tient à la fois du voeu pieux et de la méthode Coué. Le pouvoir exécutif se sentira-il tenu par un tel engagement inscrit dans notre « loi suprême » ? On aimerait pouvoir le croire si ce pays n'avait habitué ses habitants et ses partenaires à de belles promesses rarement tenues et à des efforts amorcés et très vite arrêtés sous le poids des contingences. Les précédentes révisions constitutionnelles opérées en France ces dernières années comme l'instauration du principe de précaution ont ainsi de quoi faire sourire. Que n'avons-nous une Constitution à l'américaine, quasi intangible depuis 1787 et modifiée uniquement dans des cas rarissimes (27 amendements en 224 ans !)... La réunion du Congrès à Versailles pour amender le texte fondateur de la Ve République, inusitée de 1976 à 1992, tend depuis à devenir aussi habituelle que la rentrée des classes avec presque un changement par an. La réduction des déficits nationaux, essentielle pour la croissance et l'emploi, mériterait, cette fois, un peu plus de constance. [email protected]
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