Le patron de BNP Paribas : "Notre banque, à nous, est gérée"

 BNP Paribas a l\'assurance des premiers de la classe. Interrogé jeudi sur le lancement éventuel d\'une enquête interne dans le cadre du scandale du Libor, comme c\'est le cas à la Société générale, Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, a sèchement rétorqué à la presse que \"chacun est libre de gérer son entreprise comme il l\'entend. Notre entreprise à nous est gérée, nous effectuons des contrôles tous les jours, il n\'y a donc pas besoin d\'en faire davantage.\" Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale, appréciera. La dizaine de banques impliquées dans la manipulation du taux interbancaire Libor, aussi. Jean-Laurent Bonnafé ne les a pas épargnées, décrétant que \"tout ceci est très mauvais pour l\'industrie bancaire\" et se disant \"très mécontent\" des frasques de ses concurrents.La banque de la rue d\'Antin, elle, est convaincue de ne rien avoir à se reprocher. Comme les autres banques membres des panels de fixation des taux Libor et Euribor, elle a reçu \"des demandes de la part des régulateurs\" mais \"il n\'y a aucune suite à cela\", a tranché Jean-Laurent Bonnafé. Et d\'insister : \"Nous ne sommes pas concernés par ce sujet.\"90% de la réduction du bilan est boucléeDes propos qui peuvent paraître à la limite de l\'arrogance. Mais il est vrai que BNP Paribas a de quoi pavoiser. La banque est déjà au rendez-vous de Bâle III, cette nouvelle réglementation relative au renforcement des fonds propres des banques, qui doit être appliquée à partir de 2013. Au 30 juin, le ratio de fonds propres durs (capital et bénéfices mis en réserve, rapportés aux crédits accordés) de BNP Paribas s\'élevait à 8,9%, soit quasiment le niveau de 9% exigé par Bâle III. \"Nous sommes l\'une des toutes premières banques au monde à atteindre ce chiffre\", s\'est enorgueilli Jean-Laurent Bonnafé. De fait, la Société Générale ne prévoit pas d\'afficher un ratio compris entre 9% et 9,5% avant la fin 2013.Si BNP Paribas dispose d\'une telle avance, c\'est parce que la banque a mené tambour battant la réduction de son bilan décidée à l\'automne 2011, en pleine crise de la dette de la zone euro. Redoutant une contagion de cette crise, les régulateurs avaient à l\'époque exigé des banques européennes qu\'elles accélèrent le renforcement de leurs fonds propres, via des cessions d\'actifs et la mise en réserve des bénéfices. Au 30 juin, BNP Paribas avait bouclé 90% de son programme de réduction du bilan, contre 60% \"seulement\" pour la Société générale.Un bénéfice de près de deux milliards d\'eurosIl faut dire que près de deux milliards d\'euros de bénéfice trimestriel, cela aide à fortifier les capitaux propres : au deuxième trimestre, BNP Paribas a dégagé un bénéfice net de 1,85 milliard d\'euros, quatre fois supérieur à celui de la Société générale, et près de trois fois plus important que le résultat de Deutsche Bank. Les analystes financiers interrogés par l\'agence Reuters n\'en espéraient pas tant, qui tablaient sur un bénéfice de 1,74 milliard d\'euros, en chute de 18%. Mais la baisse s\'est limitée à 13,2%, contre des dégringolades de plus de 40% pour la Société générale, Deutsche Bank, ou bien encore UBS.Une résistance qui résulte d\'une stricte gestion des coûts, lesquels ont fléchi de 4%. Ainsi que d\'une bonne maîtrise du coût du risque : celui-ci, qui mesure le montant des provisions destinées à couvrir les pertes sur le crédit, a diminué de près de 37%. De plus, l\'activité de banque de détail a bien joué son rôle d\'amortisseur de la crise financière, avec un résultat avant impôts en (petite) hausse de 0,7%, au deuxième trimestre, alors que celui de la division de banque d\'investissement a chuté de 40%.Pas de dépréciations sur BNLAussi Jean-Laurent Bonnafé s\'estime-t-il « très confiant pour la seconde partie de l\'année », malgré une conjoncture économique difficile. Et tant pis pour les Cassandre qui s\'inquiètent des 11,5 milliards d\'euros d\'exposition de BNP Paribas à la dette souveraine de l\'Italie, exposition à laquelle s\'ajoute la présence de la banque dans le pays via sa filiale BNL. Certes, pour Jean-Laurent Bonnafé, dix milliards d\'euros d\'exposition à la dette d\'un pays est un maximum mais, avec 11,5 milliards sur l\'Italie, BNP Paribas n\'est guère éloignée de ce plafond. Quant à d\'éventuelles dépréciations de survaleurs sur BNL, acquise en 2006, \"on ne déprécie une société rachetée que lorsqu\'elle n\'est plus bénéficiaire\", assène Jean-Laurent Bonnafé. Or BNL a dégagé un bénéfice avant impôts de 132 millions d\'euros, au deuxième trimestre.   
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