La BCE prête à intervenir sur le marché obligataire... sous conditions

La déception des marchés à la suite des annonces du président de la Banque centrale européenne (BCE) ce jeudi 2 août est à la hauteur des attentes qu\'il avait suscitées il y a tout juste une semaine, lorsqu\'il avait affirmé que dans le cadre de son mandat, la BCE était « prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l\'euro ». « Croyez-moi, ce sera suffisant », avait-il ajouté.La demande d\'aide au fonds de secours européen : une condition sine qua nonSi Mario Draghi a bien annoncé que la BCE était prête à intervenir pour calmer les tensions sur les marchés obligataires, il a aussi indiqué que ces interventions seraient subordonnées à la demande de la part du pays concerné d\'une aide au FESF (condition nécessaire mais non suffisante) et que les modalités exactes d\'intervention seraient déterminées d\'ici à quelques semaines. « Le marché attendait un chevalier blanc et il a été déçu. Pourtant aujourd\'hui Mario Draghi a dit beaucoup de choses. Le problème est que la semaine dernière, il a dit beaucoup trop de choses », remarque Fabrice Montagne, économiste de marché chez Barclays.Selon une expression couramment utilisée par les opérateurs de marché, ces derniers attendaient que le président de la BCE sorte le bazooka. « Cela ressemblerait plutôt à une fronde. La BCE reste très en retrait par rapport aux gouvernements », commente Philippe Waechter, le directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management.Des mesures décisives pour calmer le feu sur le marché de la dette souveraineLes mesures annoncées n\'ont pourtant rien d\'anecdotique. « Même si la réaction des marchés est négative à court terme, ces déclarations de la BCE sont très positives et font clairement reculer le risque souverain en Europe », estime l\'économiste d\'Aurel bgc, Christian Parisot.Dans son discours précédant la traditionnelle conférence de presse mensuelle de la BCE, puis en réponse à plusieurs questions, Mario Draghi a martelé que l\'euro était « irréversible » et il a qualifié « d\'inutile » la spéculation contre la monnaie unique. Il a également expliqué que dans le cadre de son mandat - les écarts de rendement entre les obligations des Etats sont liés à des anticipations d\'éclatement de la zone euro -, la BCE était prête à intervenir sur les marchés de la dette souveraine. Selon les termes utilisés par la Banque centrale, celle-ci « pourrait effectuer des opérations fermes d\'open market d\'une ampleur suffisante pour atteindre son objectif ». « Dans ce contexte, les préoccupations des investisseurs privés relatives au rang de séniorité seront traitées », explique la BCE. De plus, le Conseil des gouverneurs « pourrait envisager de prendre de nouvelles mesures non conventionnelles de politique monétaire qui s\'imposeraient pour rétablir la transmission de la politique monétaire. Nous en définirons les modalités appropriées au cours des prochaines semaines ».Une conditionnalité lourde de conséquences pour les Etats concernésComment cela se passerait-il ? Concrètement, la BCE n\'interviendra pour acheter de la dette espagnole que si le gouvernement espagnol demande l\'aide du FESF/MES. Dans ce cas, ce dernier devra signer un protocole d\'accord et accepter les conditions liées à cette aide européenne. La BCE jugera ensuite s\'il elle doit intervenir directement sur les marchés. Contrairement au SMP, il s\'agirait uniquement d\'achats de titres à court terme. Les montants de ces interventions pourraient être illimités.Reste à savoir si l\'Espagne et l\'Italie vont solliciter l\'aide du FESF. Les chefs de gouvernement espagnol et italien, Mariano Rajoy et Mario Monti, ont de nouveau écarté jeudi tout plan de sauvetage pour leur pays respectif, mais ils sont à nouveau sous la pression des marchés. Finalement, c\'est peut-être l\'erreur de communication de Mario Draghi qui précipitera l\'intervention de la BCE ...  
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