Dégradation du MES par Moody's : "Il ne faut pas s'affoler"

Par latribune.fr  |   |  636  mots
Que pensez-vous de la dégradation du Mécanisme européen de stabilité (MES) et du Fonds européen de stabilité financière (FESF) par Moody's?On pouvait s'y attendre. C'est relativement logique, puisque la France constitue le deuxième pilier du MES (avec une part de 20,4%, contre 27,1% pour l'Allemagne, Ndlr) et a perdu son "triple A" chez Moody's le mois dernier. Toutefois, certains pensaient qu'avec une Allemagne toujours notée "triple A", l'agence ne procéderait pas à cette dégradation. Concernant le FESF, il faut noter que paradoxalement, il avait besoin de cette dégradation pour pouvoir emprunter! En effet, les statuts du Fonds européen de stabilité financière précisent bien que ses émissions doivent être couvertes à 100% par les Etats ayant une note supérieure ou égale à la sienne. Après calcul, cela veut dire que le FESF est en mesure d'emprunter dès lors qu'un peu plus de 60% des Etats garants de la zone euro ont une note supérieure ou égale à la sienne. Mais avec la dégradation de la France, ce n'était plus le cas! On voit que la dépendance aux agences de notation est véritablement ubuesque. Cela devient délirant. Une fois encore, des voix se sont élevées pour dénoncer le geste de Moody's. En outre vendredi, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a qualifié d'"erreur factuelle" la dégradation de l'Hexagone, fustigeant l'argument de Moody's concernant son exposition aux pays fragiles de l'Union monétaire...A chaque dégradation son "choc" politique... Il ne faut pas s'affoler plus que de raison. La note "Aa1" représente une probabilité de défaut quasi-nulle. Et aujourd'hui, on va vers l'ère des quasi-triple A. Il n'y a guère que des pays comme la Norvège, la Suède ou Singapour qui conserveront leur "triple A" sur le long terme. Les marchés le savent bien. Par ailleurs au niveau mondial, la zone euro bénéficie toujours de la confiance des investisseurs. Les pays membres sont considérés comme plus fiables que la plupart des pays émergents.Enfin, il faut tenir compte de la politique monétaire de la BCE cet été (qui a décidé de racheter de façon illimitée des dettes souveraines pour des maturités allant jusqu'à trois ans, Ndlr) et qui a constitué un tournant. Dans la foulée, on a vu les CDS [Credit Default Swaps] et les taux d'intérêt de tous les pays de la zone euro baisser. Depuis, la zone euro a toujours des difficultés pour gérer la situation macroéconomique (c'est-à-dire l'Espagne). Mais le spectre d'un problème de financement des pays du Sud est écarté. Il faut donc rester calme. La France comme le MES et le FESF pourront continuer à emprunter à des taux bas.Toutefois Moody's a assorti ses dégradations de la France, du MES comme du FESF de perspectives négatives... Faut-il s'en inquiéter?Tout d'abord, il est fort possible que Fitch dégrade la France d'ici deux semaines, mais comme celle de Moody's hier, je ne pense pas que ce soit un problème. En revanche, ce qui pourrait faire mal à la France, mais aussi au MES et au FESF, ce serait un nouvel abaissement de la note de l'Hexagone par Moody's ou Standard & Poor's. Or la probabilité est élevée... S&P a déjà dit qu'il y avait une chance sur trois que cela se produise. Personnellement, j'estime à une chance sur deux que ces deux agences passent à l'action d'ici décembre 2013. Si cela arrivait, il y aurait certainement des mouvements sur les taux... De nombreux investisseurs pourraient se dire que la France est dans l'impasse. Et faire un parallèle avec la situation de l'Espagne.