La microfinance tire les leçons de la crise indienne

Les promoteurs de la microfinance préféreraient qu'il s'agisse d'une crise de croissance plutôt que d'une crise existentielle. Mais après les déboires boursiers de SKS - le leader de la microfinance indienne a émis un avertissement sur résultats la semaine dernière après s'être introduit en fanfare à la Bourse de Bombay en août dernier - et le scandale des suicides d'emprunteurs dans l'État de l'Andhra Pradesh au sud-est de l'Inde, la priorité pour eux est de rassurer. Les groupes comme PlaNet Finance, qui refinancent un nombre important d'institutions de microfinance (IMF), sont en première ligne. « Il faut relativiser les crises récentes. Nous avons financé plus de trois cents institutions ces cinq dernières années et les mauvaises années, le taux de défaut oscillait entre 1 et 2 % », a expliqué Arnaud Ventura, le vice-président de PlaNet Finance ce jeudi, à l'occasion d'un petit déjeuner débat sur « la prise en compte de nouveaux risques par les investisseurs en microfinance ». Prêts bancaires« L'investissement dans les institutions de microfinance est complexe », a-t-il reconnu. Pour lui, les investisseurs doivent accorder plus d'importance à l'évaluation des risques et veiller à diversifier leurs actifs. Actuellement, 25 % des institutions de microfinance concentreraient 50 % des investissements. La multiplicité des acteurs masque en effet la relativement forte concentration des actifs dans le secteur : 14 % des institutions de microfinance détiennent 86 % des actifs. Le vice-président de PlaNet Finance tire quatre leçons de la crise indienne. D'abord, pour lui, cette dernière remet en cause le principe du « group lending », basé sur la solidarité d'un groupe d'emprunteurs. « Ce principe ne permet pas d'avoir une bonne connaissance des clients, ni des activités financées », explique-t-il. Ensuite, les IMF étant souvent des institutions non bancaires ou des ONG, elles sont très dépendantes des prêts bancaires. L'exigence de rentabilité des fonds de private equity n'est pas forcément compatible avec la microfinance, prévient-il. Enfin, il appelle à faire particulièrement attention au risque dans les pays qui ne sont pas dotés d'une réglementation suffisante en termes de prévention du surendettement. Sophie Rolland
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