Et vogue le salon

Rassemblant des professionnels espérant sortir, enfin, du creux de la vague, le 50e Salon nautique de Paris ne s'inscrit pas en rupture avec les tendances à l'oeuvre depuis quelques années. Il les approfondit.Affaire d'une minorité - certes grandissante - de passionnés, le bateau n'en évolue pas moins au diapason de la société. Même la revue « Voiles et Voiliers », inattendue sur ce terrain, souligne dans sa dernière livraison à quel point l'industrie nautique s'adapte aux évolutions de la société française, à savoir la montée des inégalités. On s'attendait, conséquence de la crise, à l'achat de bateaux moins chers ? C'est tout le contraire qui se produit, puisque les Français - du moins ceux qui sont assez riches pour devenir propriétaires d'un voilier - le sont de plus en plus. Les acquéreurs sont prêts à acheter toujours plus grand, et les chantiers ne se privent pas de répondre à cette demande, trop heureux de réaliser des marges plus confortables que sur des petites unités.Le coeur des ventes, c'était, autrefois, les voiliers de 8 à 9 mètres. Puis, un cap a été franchi, avec le passage à plus de 10 mètres. Aujourd'hui, les nouveautés du Salon nautique, dans le domaine de la voile, grande spécialité des chantiers français, se trouvent surtout dans la catégorie des plus de 12 mètres. Des voiliers forcément plus coûteux, même si les constructeurs en ont serré les prix, gains de productivité aidant. Même le constructeur allemand Bavaria, spécialisé dans les voiliers low-cost, insiste sur son nouveau Cruiser 40, qui mesure 12,45 mètres. Le « produit » phare de Jeanneau, présenté porte de Versailles, n'est autre que le Sun Odyssey 439, un voilier de 13,30 mètres. Le prix n'est pas encore fixé, mais il dépassera évidemment celui de son tout jeune petit frère, le Sun Odyssey 409, dont le tarif de base, hors nombreuses options indispensables, est de 128.740 euros.Surtout, les chantiers ciblent une clientèle de moins en moins voileuse, c'est-à-dire aimant moins les embruns que l'idée de séjourner sur la mer, sans « bouffer des milles », selon l'expression en vogue sur les pontons, c'est-à-dire sans chercher à accumuler de longues distances. Bénéteau;néteau crée même une nouvelle gamme destinée à cette clientèle : aux côtés des First, typés croisière performante, et des Oceanis, destinés à la croisière confortable, figurent désormais les Sense. Des voiliers répondant à une demande de « style de vie », comme l'explique Henri Brisse, directeur du marketing de Bénéteau;néteau.Après un 50 pieds, un nouveau Sense 43 (13,20 mètres) sera présenté porte de Versailles. Ce nouveau voilier propose un grand carré-cuisine, une véritable pièce à vivre à la manière des catamarans, conçue quasiment au niveau du cockpit - il n'est plus nécessaire de descendre plusieurs marches pour se mettre à l'abri -, particulièrement lumineuse. Plus question d'implanter des cabines à l'arrière, sous le cockpit, puisque celui-ci est rabaissé. Celles-ci sont renvoyées à l'avant, et confort oblige, on n'invitera pas de nombreux équipiers. Au passage, cette clientèle de moins en moins voileuse, aux compétences techniques limitées, se voit offrir la possibilité de réussir à tout coup ou presque des manoeuvres de port toujours potentiellement périlleuses. C'est le dispositif dock & go, qui offre un joystick couplé à un propulseur d'étrave, permettant de déplacer latéralement le voilier.S'agissant des bateaux à moteur, les choses ont toujours été plus simples. Et peu d'évolutions lourdes sont notables. On pourra voir au Salon nautique de nombreux nouveaux « day cruisers » siglés Quiksilver, et un « trawler » (vedette au look s'approchant du bateau de pêche) signé Bénéteau;néteau.
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