L'exécrable météo dynamise la filière charbon

D'abord la sécheresse, l'été dernier. Puis le déluge. L'état du Queensland, au nord-est de l'Australie, a subi une météo exceptionnellement violente ces derniers jours. Alors que plusieurs villes ont du être évacuées, la majorité des mines de la région, inondées, se sont déclarées en situation de « force majeure », afin d'interrompre la production sans risque de poursuites de leurs cliens. Spécialistes optimistesL'État du Queensland produit 40 % du charbon à coke du monde, un combustible utilisé dans la production d'acier. Le charbon thermique, de moindre qualité calorifique, a également été touché par les intempéries, si bien que le combustible se retrouve aujourd'hui dans ce que les Anglais appellent une « perfect storm » : une vraie tempête. La tonne de charbon pour livraison en Europe vient de toucher un plus-haut depuis plus de deux ans, à 127,50 dollars. Car les inondations australiennes ne font que dégrader une situation déjà alarmante. Les problèmes logistiques touchaient déjà les principaux sites d'exportation du charbon. La Colombie et l'Indonésie ont subi cette année des retards dus à des pluies ou des moussons très abondantes ; et le 31 décembre, la filière charbon d'Afrique du Sud a également été touchée. Deux voies de chemin de fer acheminant d'ordinaire le charbon vers Richard's Bay, le principal port d'exportation du pays, ont été interrompus après le déraillement de 57 wagons de fret.Or, avant même ces aléas, les spécialistes se montraient optimistes sur les perspectives de demande de charbon. Ainsi, mi-décembre, Barclays Capital anticipait déjà « un fort rebond des prix en cas d'hiver froid, étant donné les goulots d'étranglement structurels » de la filière. Et de fait, l'Europe n'a eu de cesse d'avoir recours au charbon pour répondre à la demande d'électricité supplémentaire liée au froid, depuis le début de l'hiver. Les achats ont été d'autant plus importants que les réserves d'eau des pays scandinaves, qui utilisent beaucoup d'énergie hydraulique, sont nettement inférieurs à leur moyenne des 10 dernières années. Leur capacité de production d'électricité en est donc affaiblie. Selon Barclays Capital, les prix élevés de l'électricité à moyen terme sur le marché scandinave préfigurent des recours importants au charbon au Danemark et en Finlande dans les mois qui viennent. Plutôt que d'en importer d'Afrique du Sud, l'Europe pourrait d'ailleurs se tourner vers le charbon américain devenu compétitif avec la faiblesse des cours du fret.Pour Bank of America-Merrill Lynch, « le rally ne fait que commencer, et toutes les qualités de ce combustible devraient désormais grimper ». Aline Robert
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