Le port de Marseille veut restaurer sa « fiabilité sociale »

Le hasard fait bien les choses. Jeudi, jour où les dirigeants du port de Marseille Fos venaient présenter à Paris leur bilan 2010 en demi-teinte, un rapport provisoire de la Cour des comptes, accablant pour la CGT locale, « fuitait » dans « Le Figaro » et « La Provence ». Ce qui a permis à Patrick Daher, président du conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Marseille de reprendre à son compte l'une des conclusions des magistrats de la rue Cambon. « Le manque de fiabilité sociale dont souffre Marseille depuis très longtemps est une des raisons importantes de son recul en parts de marché », a-t-il insisté. « Dès la réforme portuaire bouclée, nous allons négocier un accord de méthode afin de rendre le droit de grève acceptable par nos grands clients. » En clair, un dispositif de type service minimum, encore inédit dans les ports. Un blocage historiqueAvec un trafic total de 86 millions de tonnes en 2010 (+ 3 %), Marseille Fos pointe désormais à la 5e place en Europe, se faisant doubler par Amsterdam. Au sein du bassin méditerranée, le port marseillais a vu sa part de marché chuter de 28 % en 1980 à 16 % en 2010. Le port a subi l'automne dernier un blocage d'une durée historique, notamment les bassins de Fos-sur-Mer, paralysés 33 jours par le conflit lié à la contestation de la réforme des retraites. Ces grèves ont grevé de 7 millions d'euros le chiffre d'affaires de 175 millions d'euros du port (y compris 3 millions de manque à gagner dus aux blocages des raffinage). Depuis début janvier, les négociations autour de la réforme portuaire (voir ci-dessous) sont au point mort, entraînant la quasi-paralysie des deux bassins, du vendredi au lundi. C'est dans ce contexte que sont publiées les informations de la Cour des comptes soulignant que le temps de travail effectif des conducteurs de grues et de portiques se situe entre 12 et 14 heures hebdomadaires, pour un salaire net qui peut atteindre, grâce aux primes « illégales », entre 3.500 à 4.500 euros. Nul doute que les dirigeants du port misent sur le soutien de l'opinion publique dans leur offensive contre la CGT et les grèves à répétition. « Le désengagement de l'Etat, sans véritable politique maritime depuis plus de 30 ans, voila le vrai problème des ports français, dont Marseille », répondait hier la puissante fédération CGT des ports et docks, dans un communiqué. Avis presque partagé par les dirigeants de Marseille. « Ce manque de fiabilité fait suite à un recul constant du management des ports mais aussi, depuis des dizaines d'années, de celui de l'État eu égard aux responsabilités qui étaient les siennes », a déclaré Patrick Daher.
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