Toyota s'emmêle un peu plus les pédales

Après l'accélérateur, c'est maintenant la pédale de freins qui affiche des faiblesses coupables. Décidément, Toyota vit un vrai cauchemar avec ses véhicules, pourtant réputés parmi les plus fiables de la production mondiale. Après des années d'une insolente course aux sommets qui lui a permis de devenir le premier constructeur mondial, la chute est rude. Il y a un an encore, tout réussissait à la firme nippone qui affichait alors les plus gros profits de l'automobile, grignotait inexorablement des parts de marché, s'imposait comme le champion de l'écologie avec les hybrides. Et puis, patatras. Frappé par la crise, Toyota s'est mis à perdre de l'argent, renonçant du coup au dogme d'une croissance ininterrompue.Désormais, c'est la réputation même de ses véhicules qui est en jeu. Plus grave : épargné jusqu'ici, son modèle emblématique, la Prius hybride, est aujourd'hui en cause. Toyota a annoncé mercredi que ses concessionnaires au Japon et en Amérique du Nord avaient reçu plusieurs dizaines de plaintes au sujet du freinage « inconsistant » de la nouvelle Prius 3. Des Prius 2 seraient aussi concernées, ainsi que des berlines classiques Corolla. Un rappel pourrait être annoncé.rappels en sérieLe géant automobile est empêtré depuis l'automne 2009 dans une série d'incidents techniques. D'abord, un problème de tapis de sol, qui peut s'accrocher dans la pédale d'accélérateur et la bloquer, a entraîné un rappel de 5,3 millions de véhicules outre-Atlantique. Plus récemment, fin janvier, un défaut de la pédale d'accélérateur elle-même, fabriquée par l'équipementier américain CTS, a généré une deuxième vague de rappels impliquant 4,63 millions de véhicules, dont 2,3 millions aux États-Unis et 1,8 million en Europe. Aux États-Unis, la production et la vente de huit modèles ont même été suspendues. En Europe, ces rappels ont d'ailleurs obligé PSA à contrôler près de 100.000 Peugeot 107 et Citroën C1, dérivées de la petite Toyota Aygo.Aux États-Unis, Toyota se retrouve du coup dans la ligne de mire des pouvoirs publics. Le secrétaire au Transport, Ray LaHood, a recommandé, en « cas de doute », aux propriétaires de « cesser de conduire (les voitures concernées) et de les ramener chez leur concessionnaire », annonçant qu'il comptait s'entretenir avec le PDG de Toyota, Akio Toyoda. « Nous n'en avons pas fini avec Toyota », a-t-il prévenu, déplorant la lenteur de réaction du constructeur. Un discours aux forts relents nationalistes. L'agence pour la sécurité routière NHTSA enquête d'ailleurs sur d'éventuels dysfonctionnements du système électronique des modèles. Le 10 février, des responsables de l'organisme devront témoigner, aux côtés du constructeur, devant une commission parlementaire.Le département des Transports pourrait infliger une amende maximale de 16,4 millions de dollars à Toyota, qui fait face par ailleurs à de multiples plaintes visant à constituer des procédures en nom collectif (« class action »). L'action Toyota à la Bourse de Tokyo a chuté de 5,7 % mercredi, ce qui porte à 19 % son repli depuis le 21 janvier.
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