L'Insee lance un audit sur le bug des chiffres du coût du travail

Le directeur général de l'Insee, Jean-Philippe Cotis, a annoncé le lancement d'un « audit » sur le processus qui a amené l'institut à fournir des chiffres erronés sur le coût du travail en France à l'office européen Eurostat, à la fin de l'année dernière. Le directeur de l'Insee a fait cette annonce alors qu'il était auditionné, mercredi, à l'Assemblée nationale, par la mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement de la protection sociale. Jean-Philippe Cotis a reconnu un « bug » sur « le décompte des heures travaillées » dans l'enquête « ECMOSS » fournie à Eurostat. « Nos équipes étaient en retard de près de six mois dans la livraison des données, [Ndlr], ce qui témoigne de difficultés de fonctionnement », a-t-il également admis. L'audit se fera « en interne » et « est en train de démarrer », a confirmé l'Insee à « La Tribune ». Son objectif est de « sécuriser et de rendre fiables les données produites par l'enquête ECMOSS » afin d'éviter que ce genre d'incidents ne se reproduise. L'erreur a provoqué un sacré tohu-bohu. Les chiffres erronés faisaient apparaître un coût horaire du travail de 37,41 euros en France dans l'industrie manufacturière en 2008, contre 33,37 euros en Allemagne, soit une différence de 4,04 euros. Le coût horaire français progressait par ailleurs de 27,9 % entre 2004 et 2008, contre 8,3 % en Allemagne. Ces chiffres avaient été repris et commentés par le Medef. L'institut d'études économiques COE-Rexecode avait quant à lui préféré retenir des estimations plus prudentes dans son rapport sur la divergence de compétitivité entre la France et l'Allemagne remis mi-janvier à Bercy.Données corrigéesDepuis, l'Insee a fait parvenir ses données corrigées à Eurostat, qui les a publiées lundi. Le coût horaire du travail dans l'industrie manufacturière apparaît ainsi comme inférieur en France (33,16 euros, contre 33,37 outre-Rhin), mais reste supérieur de 2,84 euros si l'on considère l'industrie et les services marchands dans leur ensemble. Il reste qu'entre 2000 et 2008, les coûts - pour l'industrie manufacturière - ont progressé de 38 % dans l'Hexagone et de 17% seulement outre-Rhin. « La France a bel et bien perdu son avantage comparatif, qui était d'être moins chère que l'Allemagne », résume COE-Rexecode. Sara Sampaio
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