Le patron de Veolia seul aux manettes pour faire avancer le groupe

Avec la présentation ce vendredi de ses résultats 2010, Antoine Frérot, nommé directeur général de Veolia en novembre 2009 après le départ d'Henri Proglio chez EDF, achève son premier exercice annuel complet à la tête de Veolia. Promettant la rigueur après la fin d'une ère Proglio marquée par une croissance mal maîtrisée et plusieurs avertissements sur résultats, l'ancien patron de la division eau aux vingt ans de maison s'est glissé sans faire de vagues dans ses nouvelles fonctions. « Antoine Frérot connaît parfaitement la maison, souligne un bon connaisseur du groupe, il est passé par tous les métiers ; il n'y a pas eu de rupture par rapport à la connaissance qu'en avait Henri Proglio ». Pas de valse des équipes dirigeantes non plus, sinon celles ayant suivi Proglio chez EDF. « Une année de prise en main ou de reprise en main », résume un banquier.Mais la rupture annoncée par Antoine Frérot apparaît, pour l'instant, d'autant moins visible qu'elle ne produira pas ses effets à court terme. « Ils nous disent qu'ils ont mis en place des restructurations dans des filiales, qu'ils ont renégocié des contrats en Allemagne, qu'ils sont beaucoup plus sélectifs sur les appels d'offres, mais pour l'instant nous ne savons pas si cela va, ou pas, au-delà du discours », souligne un analyste. « Les résultats de cette stratégie seront visibles d'ici deux ou trois ans », ajoute-t-il. Ce que confirme François-Xavier Archambault, analyste chez CM-CIC Securities.Exercice de transition« Au-delà des chiffres 2010, on attend surtout la vision donnée sur les prochaines années, d'autant que Suez Environnement a placé la barre assez haut avec ses objectifs 2011, 2012 et 2013 », indique-t-il. La plus importante des réalisations de Veolia en 2010 aura été l'aboutissement des difficiles négociations de rapprochement (finalisé ce jeudi, voit ci-contre) de sa division de transport avec Transdev. Est également portée au crédit d'Antoine Frérot la décision de doter le nouvel ensemble d'un nouveau directeur général, venu de la CDC Entreprises (actionnaire de Transdev) alors que ceux de Veolia et de Transdev, supposés travailler ensemble, en semblaient incapables. Mais l'exercice 2010 aura été par nature un exercice de transition. Henri Proglio a en effet conservé ses fonctions de président du groupe jusqu'à mi-décembre. Le regroupement, depuis, des fonctions de président et de directeur devrait permettre à Antoine Frérot de s'émanciper de la tutelle du fondateur de Veolia et d'impulser plus de changement au groupe. La communauté financière scrute en particulier un signal concernant la méthode comptable retenue pour intégrer les comptes de son activité de transport, mal-aimée des marchés, qui espèrent sa cession. « Si elle est comptabilisée par mise en équivalence [avec des résultats comptabilisés au prorata de la participation, Ndlr], je pense qu'on pourra l'interpréter comme les prémices d'un désengagement », salive déjà un analyste.À côté des chantiers opérationnels, Antoine Frérot, grand patron plutôt farouche, doit aussi porter ses efforts sur un autre sujet, estiment certains. « Il est en train de conquérir ses galons de grand patron, il était très préparé à le faire techniquement, mais il faut qu'il force sa nature pour parler et se montrer un peu plus dans les débats sociétaux et publics », estime un conseiller de Veolia.
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