Tensions chez Carrefour : Jean-Martin Folz claque la porte du conseil

Jeudi, trois heures durant, Lars Olofsson, directeur général de Carrefour, s'est échiné à convaincre analystes et journalistes de la pertinence des introductions en Bourse de 100 % de l'enseigne de hard discount Dia et de 25 % de la foncière Carrefour Property en juillet. « Carrefour en ressortira plus concentré et plus véloce », a-t-il assuré. Le Suédois marchait sur des oeufs. Deux jours auparavant, à l'issue du conseil approuvant ces deux projets, Jean-Martin Folz a démissionné de son poste d'administrateur et de vice-président. Carrefour avance des « raisons personnelles ». Mais, en fait, selon nos informations, l'ancien patron de PSA a ainsi voulu faire part de son refus de voir aboutir le grand Meccano que Colony Capital avait monté dès son entrée au capital de Carrefour, avant de le remiser fin 2008. Jean-Martin Folz, entré précisément au conseil en 2008, s'était « déjà plusieurs fois opposé à ces types d'opérations sans intérêt stratégique », rapporte un ancien membre du directoire. L'entourage de Jean-Martin Folz confirme que sa démission le 1er mars, jour de ce conseil historique, « n'a rien d'anodin ».Standard & Poors n'est lui non plus pas dupe. L'agence de notation a abaissé la note à long terme de Carrefour à BBB+, contre A?. Ces scissions refléteraient « le souci grandissant de mieux rémunérer les actionnaires et limitent la flexibilité financière du groupe », juge-t-elle. Les analystes financiers d'Esperito Santo y voient, eux, une « opération cosmétique ». Car Carrefour promet les 4,09 milliards d'euros, qu'il tirera de ces deux « spin-off », à ses seuls actionnaires, sous forme de dividende exceptionnel. Ils ne viendront pas gonfler les budgets d'investissement du numéro deux mondial de la distribution. Certains analystes s'en étonnent.« Notre capacité d'investissement est de 2,3 milliards d'euros en 2011. Nous n'avons aucun problème de financement », répond Pierre Bouchut, directeur financier. L'objectif est donc bien strictement actionnarial, aux bénéfices notamment de Colony Capital et Groupe Arnault qui détiennent 20 % des droits de vote : les actionnaires de référence de Carrefour devraient toucher environ 570 millions d'euros à l'issue de l'opération, selon nos calculs. Juliette Garnie
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