L'Afrique du Sud crée un géant minier public qui effraie les investisseurs

Voilà quelques jours, sur un terril à une centaine de kilomètres de Johannesburg, Jacob Zuma lançait la production de charbon de la première mine publique sud-africaine. Pour le chef d'État, le gouvernement ne doit plus se contenter de réguler la gestion des ressources minières qui ont en moyenne représenté 7,7 % du PIB au cours de la dernière décennie : « Le gouvernement doit être actif dans l'industrie minière afin de protéger l'intérêt national. Notre politique est de construire une économie mixte, performante, dans laquelle l'État et le secteur minier peuvent se compléter. » Ainsi est née la compagnie africaine de financement et d'exploration minière (AEMFC), nouveau géant public du secteur.Dans un premier temps, son rôle est d'assurer les approvisionnements en charbon d'Eskom, la société publique d'électricité. Début 2008, faute de ressources suffisantes, des coupures d'électricité à répétition avaient paralysé l'économie et freiné la croissance. L'entreprise brûle actuellement 115 millions de tonnes de charbon par an et pour répondre à la demande, et prévoit un besoin de 250 millions de tonnes par an en 2018. La mine de Vlakfontein, première acquisition de l'entreprise publique, devrait donc fournir 800.000 tonnes de charbon par an à Eskom, à « des prix compétitifs », selon Sizwe Madondo, le PDG de l'AEMFC. Pour commencer, 130 millions de rands (13,6 millions d'euros) ont été injectés afin d'exploiter les 33 millions de tonnes de minerai sur 15 ans. À l'horizon 2020, l'AEMFC ambitionne de se classer dans les cinq premiers producteurs de charbon en Afrique du Sud.Pétrole de charbonL'AEMFC cherche aussi des investisseurs pour financer un projet de 2 milliards de rands (209 millions d'euros). Elle souhaite produire entre 10.000 et 16.000 barils de pétrole brut à partir du charbon d'ici au premier trimestre 2013. Par ailleurs, la société va extraire de l'uranium et du calcaire. L'AEMFC a déjà obtenu 27 permis de prospection de la part des autorités sud-africaines. Patrice Motsepe, à la tête de l'empire minier African Rainbow Minerals s'inquiète de la venue sur le marché de cette nouvelle entreprise d'état. « Le gouvernement doit faire extrêmement attention lorsque sur ce terrain, il est à la fois arbitre et joueur, prévient l'homme d'affaire. Les règles du jeu doivent être les mêmes pour les entreprises publiques et les compagnies minières privées. » Si la ministre des Mines, Susan Shabangu, se veut rassurante et s'est opposée à la nationalisation du secteur, l'ANC, le parti au pouvoir, étudie la faisabilité du projet. Le Congrès national africain ne donnera une réponse définitive sur le sujet qu'en 2012, lors de sa prochaine grande conférence annuelle. Pour Iraj Abedian, économiste et conseiller au ministère des Mines, « l'Afrique du Sud n'est pas la seule puissance minière qui tente de tout faire pour que les citoyens puissent bénéficier des ressources de leur pays. Les mêmes débats ont lieu en Amérique latine ou en Australie ».
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